Sisey in wonderland

- Un marau..., commence Sarune sur un ton interrogatif avant que tu ne te reprennes. Elle hoche alors la tête vivement : - Mmm mmm, ah oui, oui, bien sûr, un Mage fou..., puis de commenter alors que tu continues en écarquillant les yeux : Shub ? Mais..., puis reprendre de plus belle : Shub connait des vieux bonhommes ?!...Olala, mais...Mais qu'est-ce que tu racontes ?

Ethan arrête le délire de Sarune (tu sais qu'elle fait ça quand elle est nerveuse) d'une seule main et te suis le long des chemins de traverse pour arriver à ta voiture :
- Je l'ai envoyée chercher quelques fournitures pour la fête de Samh..., ses yeux se fendent une seconde avant qu'il n'ajoute à ton intention : Le vieux Tobby...Elle s'est arrêtée en route voir le vieux Tobby...
- Ah ben oui, c'est vrai que c'est un vieux bonhomme...T'es fortiche en devinettes, Ethan...
- C'est sur la route. Il va falloir m'en dire plus, Dame Sisey. As-tu une idée du genre de maléfice que l'on a jeté à ton amie ? Pourquoi ne pas être allée voir des Mages s'il s'agit d'un Mage fou ? Dit-il tout en courant alors que vous atteignez la Shelby.
Sarune siffle entre ses dents :
- Joli carosse...J'avais un petit copain Nocker qui en avait une comme ça...Mais la sienne était enchantée. C'était plut....Shub ! Crie-t-elle d'un coup comme si elle essayait de réveiller la petite asiatique assoupie dont tu vois maintenant les traits très particuliers à travers la vitre.

Ethan et toi dégagez les corps, mais vous n'êtes pas spécialement une équipe musclée. S'apercevant de votre soucis de transport, Sarune, semblant probablement toujours aussi nue pour les "mortels" remonte l'escalier, et finit par revenir avec une brouette de jardin :
- Ah ! Et toi qui disait qu'il fallait que j'arrête de lui emprunter sa brouette pour faire du Lugearoues ! Tu vois qu'c'est utile ! Annonce-t-elle à Ethan sur un ton revanchard. Celui-ci lève les yeux au ciel quelques secondes avant de mettre le vieil homme et Shub dans la brouette qu'il monte difficilement avec toi, tandis que Sarune transporte la minuscule Shub avec presque autant de difficulté, râlant dans tous les sens du terme :
- Tu...Es...Sûre...Que c'est pas...Un sort....D'alourdissement ?..

Tant bien que mal, vous arrivez à remonter l'escalier, le reste est presque une promenade de santé. Tournant dans des endroits improbables et des chemins qui n'existent sûrement que dans ce monde féérique, vous finissez par arriver devant un arbre plus gros et grand que les autres, perdu quelque part dans le parc.

Ethan s'avance, et murmure quelques mots à l'arbre. Une porte apparaît alors dans le tronc, et Ethan l'ouvre pour vous laisser passer :
- Vite, vite, entrez !

Vous finissez par entrer, et des flash remontent au travers d'une brume bleuté. Tu es déjà venue ici. Tu entends une voix grave dans tes visions :
- Non, elle ne doit plus venir ici. Jamais. Trop dangereux. C'est une Mage, nom d'un Dragon, sans parler du reste ! Sarune, plus d'enchantement, compris ?

Tu sors de ta transe pour tomber à la sortie de l'escalier en colimaçon dans le tronc à une vision que tu n'attendais pas vraiment. Là. Dans ce tronc. Une salle immense, qui ressemble à une salle de jeu aux proportions dantesques étant donné l'endroit où vous vous trouvez. Au fond une cheminée, une table et quelques chaises, un canapé usé et au patchwork de couleurs trop vivantes, et un bric à brac de ponts, de toboggans, de jeux et de lianes reliant un réseau de plateformes en bois donnant sur d'autres salles, à ce que tu en aperçois. Une odeur de pain d'épice et de caramel flotte dans l'air, et tu vois des décorations qui pourraient ressembler à celles d'Halloween mais dans un style nettement plus...Féérique et ancien.

Sarune prend son élan avec Shub dans les bras et saute sur un trampoline incrusté dans un mur pour rebondir sur un autre et tomber dans un toboggan qui les amène dans le canapé.

Ethan t'aide à prendre l'escalier avec la brouette, avant que celui-ci ne "décide" de s'aplatir pour ne plus laisser qu'une pente sur laquelle vous glissez jusqu'en bas, manquant de vous casser la gueule mais atterrissant sur les fesses. Le jeune Sidhe se tape la main sur le front :
- Noctos, stupide Lutin imbécile ! Que la Cornouaille te reprenne ! Pas maintenant, nom d'un croque-mitaine vérolé !
- Ahahahahahahahah, Noctos aime beaucoup ! Noctos vous a eu cette fois Maître Ethan !
- PAS MAINTENANT, NOCTOS ! Hurle Ethan en faisant descendre Priska et le vieux Tobby de leur brouette.

Tandis que vous les installez sur la table, Tu aperçois une petite silhouette bleue sombre là où tu avais entendu la voix. Un Lutin. Bien sûr. Il y a un Lutin sur un coffre. Tout est normal.
Il regarde Ethan avec incompréhension :
- Mais, vous aviez dit que...Oh Dame Sisey, Bonjour à vous !
- Je n'ai cure de notre concours, là...Tu vois pas que je suis occupé ? Tu veux une invitation pour essayer de nous aider et nous dire ce qu'ils ont ? Apparemment ils ont été ensorcelés par un Mage fou...Un...Maraudeur...
- ...Un Maraudeur ? Dit le lutin bleu aux yeux noirs en volant jusqu'à vous de ses ailes de libellules. Il observe les trois tour à tour, soulevant leurs paupière, faisant de petites étincelles en claquant des doigts, d'un air circonspect (ou du moins tu le supposes, les lutins semblent assez difficile à lire) :
- Mmmmm....Mmmm-Mmmm....Mmm-mmm-mmm...Noctos voit....
Sarune tourne autour de la table comme un chat courant après une mouche :
- Quoi  ?....Quoi ?....Mais quoi ?!!!!......
Mais le Lutin reste interdit, met sa main sous son menton d'un air de réflexion intense :
- Mmmm....Noctos pense savoir ce qu'ils ont, Maître Ethan...
- Mais quoi !? Annoncent en coeur Ethan et Sarune.
Le Lutin se retourne d'un air triomphant en levant l'index :
- Ils dorment !
- Ils...Quoi ? Répètent encore ensemble les deux changelings.
- Bien...Ils...Dorment. C'est une activité que vous autres mortels pratiquez de temps en temps. Je n'ai jamais compris l'utilité de....

Ethan le coupe violemment :
- Et c'est tout, bougre de squatteur ? Ils dorment, et c'est tout ? C'est ton expertise de créature magique ? Ils dorment ? Pas de sommeil magique, pas de formule alambiquée en langue Draconique, pas de malédiction que l'on ne peut annuler qu'avec le sang d'un Hamster vierge...Ils dorment...
Le Lutin plisse un peu ses yeux noirs et ronds, et ses antennes se baissent :
- Eh bien, en fait...Je ne pense pas qu'il y ait encore une Langue Draconique à proprement par...
Ethan lève à nouveau ses magnifiques yeux au plafond immense :
- Par Morgane, tais toi. Merci pour ton aide mon ami, mais ça, on le savait déjà. Ce qu'on voudrait savoir c'est pourquoi ils dorment et comment les réveiller..
Sarune regarde les trois, et leur fout des claques, ce qui n'engendre aucune réaction chez les trois comateux. Elle tourne encore autour d'eux, en les humant cette fois :
- Ils ont une drôle d'odeur...Ça sent comme...La piscine ?! Ils se sont peut-être baignés dans une piscine maudite !?
Ethan tourne le regard vers sa comparse féérique :
- Ne raconte pas n'importe quoi...Ils ne sont pas mouillés...Où étiez-vous ? Racontes nous tout, Damoiselle Sisey... finit-il en te jetant un regard gentil mais un peu inquisiteur. Et surtout tellement sexy.

Aussi improbable que cela puisse paraître dans ma situation, je me retiens de ne pas rire devant le babillage de Sarune lorsque j’évoque le Maraudeur. Un peu comme quand on doit réprimer un enfant pour des bêtises, mais qu’on ne peut pas s’empêcher de se marrer devant les dites bêtises. Fort heureusement, Ethan, le magnifique Ethan, semble moins sensible que moi au côté drolatique de la Pooka. Je prends quelques secondes de réflexion pour répondre à l’interrogation du Sidhe sur le sortilège qui a pu être lancé sur Priska et Shub, tandis que nous ne sommes plus très loin de l’automobile :

- Je ne sais pas trop. Il semble avoir plongé Pris’ dans une sorte de coma artificiel. Sûrement un croisement de la sphère de Vie et de Temps. Ce qui est étonnant, c’est que cela l’a frappé alors que le Maraudeur avait quitté l’hôpital en utilisant une forme vulgaire de Correspondance. Cela dit, s’il maîtrise cette sphère aussi bien, cela expliquerait sa capacité à affecter Pris’ sans même qu’elle figure dans son champs de vision… Je me rends alors compte de l’aspect indigeste de mon jargon  Magyques pour des profanes en la matière. Plus simple, ma fille. Tout ça pour dire que je pense qu’il a lancé un sort de Coma artificiel. Pour Shub, c’est un peu différent, on dirait qu’elle s’est écroulée de fatigue dans la voiture. Tout ça est tellement étrange. Je ne sais même pas pourquoi je me suis tourné vers vous, sûrement parce que Shub me l’a demandé et que je ne sais plus à qui faire confiance, avoué-je à demi-mots.

Devant notre voiture, La tristesse me saisit à nouveau brutalement en constatant que l’état de ma sœur de Magye ne s’est pas amélioré. La terreur qu’elle ne puisse plus sortir de cette transe commence à envahir mes pensées. Il faut à nouveau l’arrivée de Sarune et sa brouette pour que je souris devant la simplicité toute infantile de mon amie Fée. Sourire vite effacé par le poids de la brouette à soulever.

*Quand tu vas te réveiller, Pris’, je vais te foutre direct au régime !!! Tu vas m’arrêter de bouffer des hamburgers de chez Lenny comme une ogresse!*

Près de cinq minutes plus tard, après maintes détours, nous arrivons devant le tronc d’un chêne majestueux auquel Ethan murmure quelques mots doux dont je suis stupidement jalouse. Une porte apparaît alors. Si, si, une porte. Dans un arbre. Le Monde des Mages défie la logique, mais celui des Fées a l’air plutôt pas mal dans le genre. L’injonction du Sidhe pour que nous pénétrions dans l‘arbre me ramène à Carol Lewis. Pilule bleue ou Pilule rouge. Choisies ma petite Alice.

Un regard vers Priska, et je franchis le seuil de l’arbre… pour tomber dans les brumes d’un obscur souvenir qui me rappelle que je ne suis pas à ma place dans cet endroit. Pas la bienvenue ? Le souvenir s’estompe devant le spectacle qui s’offre à moi au cœur du vieux chêne. Une pièce comme dans les livres d’enfants. La petite fille en moi qui n’a jamais vraiment disparue s’émerveille du spectacle, comme si elle se retrouvait chez elle après s’être perdue dans les délires de l’adulte que je suis devenue. L’instant magique finit par une scène un peu ridicule lorsque l’escalier se transforme en toboggan infernal qui envoie, dans le désordre, la brouette, moi et Ethan beaucoup trop rapidement à l’étage inférieur.

Assise sur les fesses, coller au dos d’Ethan comme si nous étions à cheval sur une monture grotesque, je mets quelques secondes à me détacher du si séduisant Sidhe (tiens, ça sera son nom de code quand Pris’ reviendra : SSS). Un peu gênée, j’essaie de me donner une contenance en me relevant pour m’épousseter, et faire celle qui ignore le brusque afflux de chaleur dans son ventre. Miraculeusement, Ethan n’a pas du se rendre compte de ma réaction, son attention interpellée par l’invisible Noctos. Je l’aide néanmoins à extraire Priska et le vieux Tobby de la brouette.

C’est à ce moment que notre comique lutin décide de se montrer. Bon, je suis plus à ça près non plus, des dents sales, un Prince charmant, un lutin… Mais pour être honnête, je suis pas trop pressée de voir apparaître l’Ogre ou le Dragon. Comme les autres, je reste suspendue aux lèvres de Noctos lorsque celui-ci effectue son diagnostic. Ca doit être le sorcier du groupe, celui qui va sortir Pris’ et les autres de leur transe. Tendue, j’attends le verdict. Instant solennel.

Consternation.

Si Ethan ne l’avait pas fait, ce serait sûrement moi qui serait en train de lui pourrir la vie au nain bleu avec ses ailes de libellules. « Ils dorment »… Ah bah merci pour l’analyse, on n’était pas sûr ! Pourtant, les derniers mots du lutin ont une étrange résonnance en moi. Une odeur de piscine. L’hôpital…

- Oui, ça ne peut-être que ça le facteur commun, dis-je comme pour moi-même.

Je suis encore dans la perplexité quand Ethan me redemande de leur raconter les évènements qui m’ont conduit ici. Par où commencer ?

- J’étais parti manger au chinois, et ils me sont tombés dessus. Les technocrates, dis-je devant leurs regards interrogatifs. Des Mages qui veulent figer la réalité. J’essaie de me souvenir des rares cours de Sarune sur le monde des fées devant leurs regards à présent interdits, puis ajoute : Des Mages de la banalité. J’ai essayé de fuir, mais… j’ai perdu connaissance. Lorsque je me suis réveillé, j’étais à l’hôpital Saint Francis Memorial . Et je sais que cet endroit appartient aux Mages de la banalité, alors j’ai voulu fuir. Priska… mon amie, dis-je en désignant ma sœur de Magye, était déjà là pour m’aider à fuir. Et c’est là que nous avons croisé le Mage fou, il était avec celui que vous appelez le vieux Tobby. Je ne sais pas ce qu’il lui voulait, mais il voulait l’emmener avec lui. J’ai essayé de l’en empêcher et on a réussi à le faire fuir avec Pris’, mais ça a alerté les Mages de la banalité -je deviens experte en fée 3ème langue, moi- . On a voulu quitté l’hôpital, mais ils s’y opposaient, et c’est là que Shub est intervenue et nous a aidé à fuir. Pris’ a perdu connaissance quand on est entré dans la voiture. Shub m’a retrouvé là avec le vieux Tobby, prostrée dans la voiture. C’est elle qui m’a dit de venir vous trouver ici, juste avant de perdre à son tour connaissance.

Je marque une pause, sans que je m’en sois rendu compte, les larmes me sont venues aux yeux. Je les essuie d’un geste agacé par ma mièvrerie.

- Et maintenant, je me demande si ce n’est pas moi qui suis à l’origine de ça, car je suis leur seul facteur commun à eux trois avec l’hôpital. Mais pourquoi moi je ne suis pas plongé dans le même sommeil si c’est lié à  l’hôpital ? Est-ce qu’ils m’ont implanté une sorte de virus ? Sourde angoisse. Est-ce que je suis même pas en train de vous contaminer maintenant ?

Au bord de l’hystérie, épuisée, je m’affale sur le canapé. Je respire lentement, trois fois, pour essayer de reprendre le contrôle. Je lève ensuite des yeux implorants devant l’assemblée bigarrée des fées.

- Est-ce que vous allez pouvoir les aider ?

Dès que tu commences ton histoire, Sarune s'assoit en tailleur devant toi, suivie de Noctos sur son épaule. Ethan te tend une chaise en bois gravée de symboles féériques (du moins tu le supposes) et en prend une en face de toi sur laquelle il s'assoit à l'envers en appuyant ses avant-bras sur le dossier. Tous t'écoutent comme si tu étais devenue une conteuse des temps anciens.

Assez étrangement, les ombres projetées par les chandelles de la pièce semblent bouger. Et tu t'aperçois tandis que tu parles qu'elles semblent suivre ton récit. Les autres en ont visiblement conscience, étant donné qu'ils regardent autant les ombres que toi. Tour à tour menaçantes tandis que tu parles des "mages de la banalité",  puis elles dessinent en ombre chinoise une sorte de forteresse menaçante tandis que tu évoques l'hôpital. Et sous tes yeux qui commencent à s'habituer à ce qu'il n'y ait pas toujours d'explication dans ce monde féérique, ton récit prend forme, ponctué de "Ohhh...." de Sarune et Noctos, tandis qu'Ethan reste impeccablement silencieux, observant le tout d'un œil attentif.

Lorsque tu finis ton récit et réfléchis à voix haute sur ta situation et le "virus" que l'on t'aurait implanté, le Lutin et ta meilleure amie fée reculent précipitamment.  Noctos vole à toute bombe dans une traînée bleue et se crashe dans un placard dont la porte se ferme. Sarune elle, cachée derrière un fauteuil, lève la tête pour ne montrer que ses yeux et ses oreilles apeurées :
- Un...Virus ? Ça veut dire que... C'est toi qui les a rendu comme ça ?

Ethan plisse une seconde ses magnifiques yeux en amandes dorés aux reflets automnaux, avant de tourner la tête vers elle et Noctos :
- Calmez-vous tous les deux. Ils dorment et pas nous. Elle n'y est pour rien, sortez de là, bande de peureux. Nom d'une Licorne, nous sommes les Gardiens !

La petite voix de Noctos s'élève d'un pot aux couleurs acidulées :
- A proprement parler, Noctos n'est pas un...

Mais Ethan le coupe en balayant sa remarque d'un geste :
- ...Nous sommes les Gardiens de ces terres. Chacun à notre façon...

Il se tourne alors vers toi, et plante son regard à la sagesse millénaire que tu peux sentir dans les tiens. Et c'est d'une voix profonde et Solennelle qu'il t'annonce en s'agenouillant devant toi :
- Je te promets, sur la Lune et le Soleil, que je ferais tout pour trouver quelle malédiction a été jetée sur nos amis, et de les tirer de ce cauchemar, dussé-je y laisser la vie. Je t'en fais le Serment devant l'Ancienne Maison Liam à laquelle mon cœur appartient toujours malgré les Siècles, et devant l'esprit de l'Arbre sacré d'Iris...

Une lueur se fait au plafond. Tu vois alors une boule de lumière s'approcher. Sarune écarquille les yeux :
- Ethan, qu'est-ce que tu fais...

Le Sidhe se lève, et tend le bras. La boule dorée se transforme alors en un Phénix chimérique doré, qui s'accroche à son bras. Il glisse alors dans la manche du manteau doré d'Ethan, s'applatissant en deux dimensions comme une sorte de tatouage. Une lueur se fait alors sur tout le corps d'Ethan qui serre les dents quelques secondes. Puis il sourit :
- Ceci est le serment du Phénix. Puisse-t-il brûler mon âme immortelle si je devais rompre ma promesse.

Sarune -et Noctos qui est maintenant sur son épaule- semblent totalement ébahis :
- Maître Ethan a prêté le serment du Phénix...

Sarune hoche la tête lentement, confirmant distraitement.

C'est à ce moment précis que quelqu'un tape à la porte :
- Ethan...

Il tape encore, mais Ethan ne répond pas, trop occupé à te regarder. La porte tremble presque sous le poing qui tape dessus :
- Ethan ! Ouvres moi cette porte ! Noctos !

Ethan t'observe, un sourire narquois aux lèvres :
- C'est le vieux. Il pourra nous aider. C'est un sage.

Sarune rajoute en levant les yeux vers la porte :
- Il va pas aimer...Pas aimer du tout...

Le Sidhe murmure quelques mots en fermant les yeux, puis les ouvre en même temps que la porte. Tu distingues alors une énorme silhouette se découper dans l'encadrure. Baissant une tête cornue, il descend l'escalier, et tu peux maintenant voir un gigantesque géant bleu aux cornes proéminentes posées sur une tête chauve au regard vert étincelant. Un bouc tressé et une charpente d'Haltérophile à peine dissimulée dans des vêtements chimériques nordiques richement décorés achève le portrait d'un guerrier monstrueux qui aurait pu se passer de l'épée énorme dont la garde dépasse de son dos.

La monstrueuse créature ne dit mot, mais observe la scène en descendant lentement. Dans le monde que tu peux voir, tu dirais qu'il est très âgé. Plus de la cinquantaine. Son regard vert vif passe comme un rayon laser de Sarune à Ethan, puis à toi, puis aux trois corps sur la table. Son expression fermée ne semble rien annoncer de bon. S'approchant de toi et Ethan d'un pas lourd, il soulève un sourcil blanc vers le Sidhe :
- Veux-tu m'expliquer, ou dois-je deviner, par tous les Démons de Niflhel,  ce que la jeune Shub et le vieux Tobby ainsi qu'une inconnue font endormis sur la table de notre refuge, puis il tourne son regard dur comme l'émeraude vers Sarune : ...Et ce que peut bien faire ici cette Mage dont j'avais banni la présence et interdit formellement qu'on l'enchante à nouveau ?

Ethan ne le laisse pas continuer, préférant visiblement prendre l'initiative en tentant de le calmer :
- Allons, allons, grand-père, ne t'énerve pas. Ton cœur n'est plus ce qu'il était...Assieds-toi, je vais t'expliquer. Sarune l'a enchantée parce que la situation l'exigeait. Les Bonnets rouges étaient encore ici...

Le vieux fronce les sourcils :
- Morkar ?
- Moldar, répond Ethan sans y prêter trop d'attention : Dame Sisey était venue nous confier une quête des plus urgentes. Elle a sauvé Shub et le vieux Tobby des griffes des gardiens du Donjon d'Ivoire de l'Automne...
- Le Saint Francis Memorial ? Te demande le vieux géant en se grattant le bouc, après quoi il se retourne vers les trois corps inanimés :
- Et la fille ?
- C'est une amie de Sisey qui semble elle aussi avoir été envoûtée par un Mage fou qui était présent dans le Donjon...
Le Troll se tourne alternativement vers toi, puis Ethan, puis Sarune. Puis il se tape le front d'une main qui doit faire deux fois la taille de ta propre tête :
- Pourquoi tout cela ne peut pas être simple. Une chasse au Dragon. Ça, c'était des Quêtes que je comprenais... Râle-t-il un instant, avant de reprendre : Bien, jeune fille. Tu vas devoir tout m'expliquer en détail.

Ethan prend alors la parole à ta place, imaginant probablement que le fait de te répéter te gênerait :
- Elle nous a déjà tout expliqué. Elle s'était faite capturer par les Seigneurs de l'Automne du Donjon, et c'est en tentant de s'échapper qu'elle a trouvé son amie venue la sauver et le vieux tobby qui était avec le Mage fou qui voulait apparemment l'enlever...

Sarune saute du fauteuil en exultant :
- Ah oui oui, et là elles ont essayé de l'en empêcher et mais ça a alerté les gardes !
Noctos, apparu mystérieusement sur la tête d'Ethan hoche les antennes :
- Mmm mmm, et c'est là qu'en s'échappant du Donjon elles ont été sauvé par Shub qui les a aider à s'enfuir...Mais son amie est tombée dans ce sommeil en montant dans leur...Carrosse à moteur...Noctos a compris ? Dit-il en regardant Sarune comme s'ils discutaient de la dernière série à la mode à la télévision.

Sarune hoche la tête et finit :
- Et Shub a ramené le vieux Tobby jusqu'à la voiture, et ils se sont enfuis, et Shub est tombée elle aussi dans la malédiction du sommeil éternel, mais elle a eu le temps de dire à Sisey de venir ici...

Le géant tourne la tête de l'un à l'autre dans ce qui semble être d'abord une forme d'incompréhension, avant de se tourner vers toi :
- D'accord. Donc tu t'es retrouvée emprisonnée dans l'antre de ce que vous appelez la Technocratie, et en t'échappant tu as rencontré un maraudeur et le vieux Tobby. Puis en vous échappant avec ton amie, vous avez rencontré Shub qui vous a aidé à fuir. Et pour finir vous vous êtes enfuis mais tout le monde était atteint de cet étrange sommeil dans lequel ces trois là semblent maintenant plongés...Et tu as décidé de venir ici sur les derniers conseils de Shub...Ai-je tout compris, Dame Bones, ou ces deux là sont-ils de médiocres rapporteurs ?

Après ton probable hochement de tête ou ta réponse, la voix de Sarune s'élève :
- Et Ethan il a prêté le serment du Phénix à Sisey...

Le regard da la vieille créature bleue transperce Ethan, qui lui regarde Sarune d'un oeil doré assassin :
- Il...A fait quoi ?! As-tu perdu la tête jeune sot ? Tiens-tu donc à périr pour...Il te regarde et s'arrête, pour reprendre après un silence en soufflant : Très bien. Laissez moi me préparer et consulter quelques grimoires, je reviens, finit-il en menant ses pas lourds vers une autre pièce sous l'escalier que tu n'avais pas vu dans cette architecture déstabilisante. Il passe l'arche de la porte et la ferme, vous laissant seuls quelques minutes :
- Un rafraîchissement ? , demande alors Noctos, totalement décalé par rapport à l'inquiétude qui plane chez les deux autres.

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Lorsqu'il revient, le géant porte un fatras de parchemins et de plantes et potions, ainsi que d'étranges lunettes de vues ovales aux allures archaiques par dessus lesquelles il te regarde avec un air un peu plus affable :
- Pardonnes mon manque de manières, jeune Mage, mais c'est notre troisième rencontre, je dois donc m'avouer un peu las de cet effet de répétition...Je suis Vafthrudnir Magnussen.  Mais tu peux m'appeler Mag'. Je suis un Troll. Et non, pour répondre à une question que tu m'as déjà posée, je ne mange pas d'enfants, ni même d'humains...Mais je ne désespère pas.

Tu te rappelles effectivement vaguement avoir eu une conversation similaire. Ou était-ce deux ?

Il s'installe sur l'autre table de la pièce, plus petite, et y installe son matériel en soulevant ses lunettes. Il se tourne ensuite vers les trois comateux et dispose autour d'eux des plantes et des objets semblant sortis de contes et légendes. Des chimères, selon toute vraisemblance, mais elles te paraissent réelles.

Il finit sa petite installation, et badigeonne les six paupières d'un liquide verdâtre que tu n'identifies pas. Son air soudain de magicien contraste totalement avec son aspect de guerrier viking. Il se retourne ensuite vers vous :
- Disposez vous en cercle autour de la table. Il faudra ensuite faire don d'un peu de votre Glamour...De la...Quintessence pour toi , dit-il à ton intention : Fermez un œil, et répétez l’incantation: Marga sakta cata en ouvrant l'œil et en fermant l'autre, au même rythme sautez sur le pied opposé à l’œil fermé, tout en tournant autour de la table. Et concentrez vous sur la Magie du moment. Je me chargerai du reste...

Après vous êtes mis en cercle et votre petite chorégraphie au point,  Vous démarrez ce qui ressemble plus à une danse qu'à une cérémonie magique. Mais tu sais que le pouvoir des Fées est liée à la créativité.

Au bout de quelques instants, la pièce semble se mettre à bouger. Est-ce à cause de tous ces clignements d'yeux et cette sarabande qui accélère, tu es emportée par le rythme endiablé qui se créé dans le chant grave du Troll. La sarabande accélère encore, et encore, jusqu'à te donner le tournis. Tu as l'impression que vos traits laissent une traînée de couleur, puis votre danse n'est plus qu'une longue écharpe aux lignes multicolores qui s'étirent. Tu chancèles. Le regard de Sarune et de ton beau Sidhe te rassurent. Soudain c'est l'explosion. Littéralement.

Soufflée dans la pièce, tu vois encore trouble en te relevant. Une fumée noire a émergée sur la table, et tu ne peux qu'assister au combat rapide du Troll qui met la lame de son énorme battoir au clair pour trancher en deux l'ombre de fumée gigantesque qui hurle d'un seul coup de lame. L'Ombre s'évapore alors dans un long râle, vous laissant dans le silence avec les trois corps toujours sur la table. Sarune se relève sur Ethan avec un air de dégoût, et court vers toi :
- Siseyyyyy,  tu vas bien ?!

Ethan époussette son manteau en se relevant :
- Dis moi, vieil homme, tu ne devrais pas réviser tes formules avant de nous les faire subir ? A moins que tu ne perdes la tête ?

Le grognement du Troll qui remet son épée dans son fourreau est sans équivoque et stoppe l'élan d'Ethan :
- Tu devrais apprendre à te taire, jeune sot. C'est toi qui a apporté le malheur en notre demeure...C'était un esprit du Tumulte..., dit-il sombrement en t'observant.
- N'importe quoi, le vieux. Sisey n'y est pour rien. C'est le mage fou...
- Peut-être..., finit-il en ramassant ses lunettes qu'il remet sur le nez. Il marque un silence, puis reprend avec la même voix affectée et grave : Nos amis sont sujets à un cauchemar du Tumulte. Ils sont enfermés dans un des royaumes de ce que nous appelons Tumulte, et les mortels folie, bien que le Tumulte soit bien plus réel... Et ce, sans espoir de retour...
Ethan secoue la tête :
- Tu es déprimant, vieux bouc. Il y a toujours un moyen...
- Pas un que je connaisse, petit Coprolithe arrogant ! Gronde le Troll, visiblement vexé.
- Oh là, inutile de monter sur tes grands Dragons,  Ô Vénérable. Je ne remets pas en doute tes connaissances dans les Arts. Mais il doit bien y avoir un moyen...Il y a toujours un moyen...

Tout le monde se met alors à réfléchir dans son coin, laissant planer un silence arboré. Mais pas plus d'une dizaine de secondes, avant que Noctos ne s'exclame :
- JE SAIS, JE SAIS ! Hule-t-il à votre petite assemblée en levant un doigt bleu et fin.

Les trois Changelings regardent le lutin avec circonspection, alors qu'il annonce :
- Smokey était là tout à l'heure, elle a dit que le Cirque Wonderland était sur une des plages de la Cité...

Ethan tressaille. Et Sarune saute derrière le canapé à nouveau :
- Non non non...Pas elle...

Ethan garde le silence tandis que Mag l'observe longuement :
- Le Lutin n'a pas totalement tort. Elle pourrait disposer de réponses que je n'ai pas, après tout elle est la Maîtresse des miroirs... puis après une longue réflexion à triturer la tresse de son bouc blanc, il ajoute en plantant ses yeux verts dans les tiens : ...A moins, bien sûr, que notre estimée Mage n'ait des alliés qui puissent nous venir en aide. Après tout, c'est une histoire qui concerne les Mages dont Shub et le vieux Tobby patissent. Ce ne serait que justice que les Mages réparent les torts des leurs...

Le jeune et beau Sidhe s'approche de toi, la voix un peu hésitante :
- Ne l'écoutes pas, il est en colère. Même s'il ne l'avouera jamais, cette antiquité est attachée aux notres, et il s'inquiète.

Il laisse un temps de pause, puis il ajoute avec un regard un peu troublé :
- Si tu veux que nous allions voir la Maîtresse des Miroirs, je t'accompagnerai...finit-il, même si sa détermination semble faiblir une seconde.

- Eh ben moi je n'viendrais pas, voilà. Je ne'veux plus revoir ce chat...Plus jamais...
- Sarune...
- Quoi ?! Il est tropppp flippant !
- ...Non, il est juste meilleur que toi pour le cache-cache...
- Oui et ben justement, tout ça c'est pas normal !
- ...

Ethan tourne ses yeux mordorés vers toi :
- C'est à toi, Dame Sisey, que revient cette décision. La Maîtresse des miroirs est une Kithain dangereuse, mais si quelqu'un peut trouver un remède au tumulte de leur sommeil, c'est bien elle. Si en revanche tu préfères te fier à tes alliés, je te suivrais. Quel que soit ton choix, j'ai toute confiance en la sagesse de ta décision...

Sarune lève les yeux au ciel de dépit. Mag semble perdu dans ses pensées. Et Noctos observe la scène comme s'il était au cinéma.

Je me morigène intérieurement de ma propre panique à l’idée d’être moi-même un vecteur de ce sommeil artificiel lorsque Ethan rationalise le fait que c’est tout simplement impossible puisque lui-même, Sarune et le Lutin sont encore parfaitement éveillés, ce qui met un terme à cette hypothèse stupide.

*Calmes-toi Sisey !*

J’aimerai éprouver la même assurance que celle affichée par le Prince Sidhe, ce qui me fait l’admirer encore un peu plus malgré les recommandations de mon amie Pooka. Autant dire que le serment qu’il m’adresse, plein de fougue et porter par un élan chevaleresque achève de me faire fondre, au point que les larmes me montent aux yeux et que j’ai toutes les peines du monde à les contenir. Je fixe tour à tour l’étrange phénix qui s’est mué en tatouage sur la peau diaphane d’Ethan, puis ce dernier, la gorge trop nouée d’émotion pour arriver à dire quoi que ce soit. A ce moment précis, je voudrais plus que tout au monde me jeter contre lui et me blottir dans ses bras, lui dire merci et coller mes lèvres contre les siennes.

Par chance, les ruades contre la porte et l’arrivée du « vieux » viennent me rappeler à la situation présente et faire ainsi taire mes pulsions romanesques. Vu l’inquiétude de mes comparses fées, je m’attends à voir apparaître le grand méchant loup en personne. Sans trop savoir comment réagir, je me lève de mon trône de bois, serres mes doigts entre eux comme une écolière prise en faute. Si j’étais dans mon lit d’enfant et que Maman me contait cette histoire, je pense que ce serait le moment précis où j’aurais caché la moitié de mon visage sous le drap. Au lieu de ça, j’observe la descente du géant dans l’escalier, tout autant nerveuse qu’inquiète.

Cette voix caverneuse. C’est celle qui avait interdit mon retour en ces lieux . Je prends donc bien garde de garder le silence lorsque celui-ci exige des explications. Même si je ne suis pas forcément rassuré par le personnage, je constate avec soulagement que le géant semble avoir une vision plus réaliste (moins enchantée?) de mon histoire quand il évoque le Saint Francis Memorial. Rassénérée par ce rattachement à ma propre réalité, je romps le silence par un « exactement » qui meurt aussitôt, noyé dans le flot de questions de la Fée qui vient d’arriver.  Du coup je me montre moins réactive quand il me donne la parole, et assiste à un résumé bien plus clair des évènements qui m’ont conduit ici que je n’ai été capable de le formuler quelques instants plus tôt par mes hôtes.

- C’est exactement comme cela que ça c’est passé, dis-je pour confirmer les dires de Noctos et Sarune, tout en comprenant à la réaction De leur chef (?) l’ampleur du serment prêté par Ethan à mon intention.


Lorsque Vafthrudnir Magnussen, Mag’, revient vers moi pour se présenter, je réponds par un « Enchanté » d’une ironie qui ne manque pas d'une certaine saveur bien qu’involontaire.

Commence alors un rituel qui pourrait ressembler à un délire de fin de soirée trop arrosée, mais dans lequel je mets toute ma conviction. D’abord parce que je suis prête à tout pour sortir Pris’ de son coma artificiel, et aussi car je commence à en avoir assez vu sur ces êtres singuliers pour croire en leur pouvoir. Et aussi parce qu’une conviction puissante grandi en moi : ils sont les seuls en qui je peux avoir confiance.

- Marga sakta cata!

Œil fermé, cloche-pied sur le pied opposé.

- Marga sakta cata!

On change d’œil et de pied.

- Marga sakta cata!

La sarabande devient hypnotique à mesure que le rythme s’accentue.

- Marga sakta cata!

Mes sens commencent à être trompés par le tournis, mais je continue la folle danse en y mettant tout mon cœur.

- Marga sakta cata!

Je les sens autour de moi, les courants Magyques. Pas ceux dont j’ai l’habitude. Non, une Magye à part, mais puissante. Et puis je sens aussi cette présence malfaisante.

- Marga sakta cata!

Le souffle de l’explosion me projette en tout sens comme les autres. Je dois réaliser un effort certain pour focaliser mon regard et voir Vafthrudnir Magnussen aux prises avec une créature éthérée qu’il pourfend de sa lame. Je me relève ensuite avec l’aide de Sarune puis me précipite en direction de Priska. J’ai du mal à dissimuler une moue de déception en constatant qu’elle reste inanimée. J’écoute d’une oreille distraite l’échange entre Ethan et Mag’, les yeux emplis de larmes, cette fois non de gratitude mais de colère envers celui qui a infligé ça à ma sœur de Magye. Mais n’est-ce pas moi qui l’ai entraînée dans cette cage d’ascenseur contre le Maraudeur ?

L’espoir renaît à l’évocation d’une solution, mais lorsque je reconnais Noctos comme son auteur, cet espoir s’éteint aussi vite. Pourtant toutes les fées semblent valider cette piste, cette Smokey… Lorsque Mag’ sous-entend que les mages sont à l’origine de cette situation, je ne peux m’empêcher de cracher avec véhémence :

- Si deux mages n’avaient pas essayer de l’aider, votre vieux Toby serait entre les mains du Maraudeur à l’heure qu’il est. Et nul doute que son sort serait alors bien pire que cette léthargie, ajoutai-je avec une rage mal ciblée, les poings serrés devant l’injustice de cette déclaration. Les mots d’Ethan et le regard apeuré de Sarune viennent éteindre l’incendie qui s’est emparé de mon cœur. Je finis par soupirer et dire d’un ton plus calme : Pardonnez-moi Mag’, je ne sais plus bien ce que je dis. Je devrai plutôt vous remercier pour ce que vous venez d’accomplir.

Plus apaisée à présent, je prends le temps qu’il faut pour réfléchir au choix qui m’est proposé. L’esprit chevaleresque d’Ethan est rassurant tout autant que les considérations ubuesques de Sarune sont inquiétantes. Ai-je vraiment le choix? J’aimerai tellement que Bobby soit encore là pour nous aider. Mais je suis seule. Nick et Tim sont des Mages en devenir et n’ont sûrement pas encore la capacité de faire quoi que ce soit. Peut-être Sahari, mais je ne sais pour quelle raison, je n’aime pas être en dette avec elle. Non, je suis seule. La sentence tombe sur un ton plus assuré que je ne le suis au moment de prononcer ces mots.

- J’irai voir Smokey si cela peut aider à sauver nos amis. Je n’ai confiance en personne de suffisamment puissant chez les Mages pour solliciter de l’aide de ce côté-là.

Mon regard croise celui d’Ethan puis de Sarune pour y chercher du réconfort et de l’aide.

- Si c’est possible, je t’aiderai à gagner à cache-cache contre Smokey, Sarune, dis-je avec un maigre sourire.

A ta phrase le vieux Troll ne dit rien mais se contente d'un air placide où perce tout de même une menace presque palpable. Lorsque tu te radoucis et t'excuse, il remet ses lunettes et a une expression qui pourrait presque passer pour de la sollicitude :
- Ce n'est rien. Ton amie est en péril, je comprends ton désarroi. Nous sommes tous inquiets.

Lorsque tu donnes ta réponse à Ethan, celui-ci fronceles sourcils devant ton évocation de "smokey" :
- Euh..., annonce dubitatif le jeune Sidhe. Ta meilleure amie Pookah hausse un sourcil, puis l'autre, puis lève les yeux en réfléchissant :
- Ah non, mais Smokey elle est nulle à cache-cache. J'ai juste à me cacher dans son pot d'or et...
Mais Ethan sourit et la coupe :
- Désolé, je pense que Noctos t'a induit en erreur. Smokey est une amie à nous. La Maîtresse des Miroirs se nomme en réalité Celia.
Sarune rit de bon coeur :
- Ahhhhhhh ! Non ma chérie, le chat qui m'fait peur, c'est le chat du cirque ! C'est un pookah, comme moi...Mais il est nettement moins drôle...
Ethan rit aussi en tapotant la tête de Sarune qui s'enlève instinctivement :
- Personne n'est aussi drôle que toi, ne t'inquiètes pas.

Une fois ce malentendu réglé, Ethan se tourne vers toi, ses yeux dorés dans les tiens en te tenant la main :
- Très bien, Dame Sisey, Grande Mage et alliée des Fées. Je t'accompagnerai jusqu'au Wonderland, et nous trouverons le remède au mal qui étreint nos amis.

"Mag", assis à la table comme un adulte sur une table d'enfant soulève un sourcil blanc broussailleux :
- Et que comptes tu faire de tes devoirs envers Iris et le Maire ?

Ethan soulève les épaules nonchalamment :
- Je ne suis pas le seul gardien de la flamme blanche...dit-il en regardant le Troll, avant de revenir sur la pookah, puis sur Mag : Tu tiendras le fort pendant que nous l'accompagnons. Et le Maire peut attendre...

La face bleue du troll se durcit :
- Tu ne nous laisse pas le choix, de toute manière. Le serment du Phénix...Quel imbécile....Maugrée-t-il dans son bouc : Mais tu devras te hâter. La réunion va être fixée avec les Nobles d'Arcadia. Et tu es sûrement le seul qui puisse encore éviter un soulèvement...Ou pire. Ne l'oubliess pas.

Un deuxième haussement d'épaule, assorti d'un sourire et d'un clin d'oeil répondent à l'énorme géant bleu :
- Je t'ai dit d'arrêter de t'inquièter, le vieux. Tu vas te faire un ulcère, tu sais...

Sarune baisse les oreilles, bougonne :
- Bon d'accord...Mais c'est bien parce que c'est toi, Sis'...

Ethan lui tapote sur la tête :
- Allez, arrêtes de faire cette tête, chipie. On va bien s'amuser tu verras ! dit-il avec un sourire qui fait apparaître son adorable fossette sur la joue. Malgré tout, ton intuition te dis qu'il n'est pas tout à fait sincère en essayant de rassurer ta sœur d'âme.

Abandonnant Mag, Noctos et les trois endormis, vous quitttez le Manoir pour vous dirigez vers la voiture et votre destination : le Cirque Wonderland. Est-ce à cause de la mine grave que tente de dissimuler Ethan tout le long du chemin, ou l'état inquiétant de Priska, une sensation d'oppression étreint ton âme. Comme un mauvais pressentiment sur ce "Trip to Wonderland".