Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-20%
Le deal à ne pas rater :
Xiaomi Poco M6 Pro (8 Go / 256 Go) Noir
159.99 € 199.99 €
Voir le deal

Aller en bas
Masika
Masika
Messages : 42
Date d'inscription : 19/03/2019

La fièvre du sang Empty La fièvre du sang

Dim 17 Déc - 1:09
Une demie-lune éclairait doucement la ville maritime. Carthage, la glorieuse cité punique vivait perpétuellement dans le parfum salé de la mer. Mes pas s’enfoncent dans le sable encore chaud du soleil de la journée. C’est mon unique façon de me rémémorer la douceur de l’astre solaire.

A l’extérieur des remparts de Carthage, l’armée de Rome a établit son campement. Leur jeune et brillant général Scipion Emilien s’apprête à fondre sur la ville. Avec le soutien des Anciens de Rome, sa victoire est inéluctable.

Mais mon regard porte ailleurs. Par-delà l’océan. Je l’ai vu dans mes rêves torturés. Le nouveau continent.

Mes pas me mènent devant la barque qui va me conduire à la quinquérème au mouillage au large. Mes yeux se portent une dernière fois vers le songe brisé de Carthage.

L’avenir des nôtres n’est plus ici. Il est par-delà l’océan.






La douceur de l’eau sur ton visage, le goût métallique sur ta langue. Tu te réveilles. Premier regard dual, que ton cerveau refuse de faire correspondre. Tu comprends : une partie de ta tête est dans l’eau. Tu essaies de te redresser, douleur. Ton corps te fait l’effet d’une gigantesque courbature. Faire le point. Tes deux mains ont pris appui dans une sorte de petite mare, sur les bords du lit d’un ruisseau rocailleux à l’eau peu profonde. La partie gauche de ton visage ruisselle d’une eau à la couleur rouge.

De l’eau rouge ?

Une forme de panique te gagne, pourtant ton coeur ne réagit pas, étrangemment plat. Plat comme un macchabé. Cette fois tu paniques complètement et finit par te mettre à genoux. Tes yeux cherchent des réponses. La mare d’eau rouge, sanguine. L’envie d’y plonger ta bouche et de t’en repaître avec avidité. Autour de toi, quatre autres corps allongés, comme tu l’étais il y a encore quelques secondes. Sauf que eux ne se relèvereont jamais. Les corps ont des positions grotesques, et leurs peaux livides ont un éclat singulier sous la pleine lune qui brille dans un ciel sans nuage.

Tentative d’être rationnel. Ces hommes sont des chercheurs d’or, leur équipement est disséminé autour des dernières cendres d’un feu éteint. Et toi, qui es-tu ?

Une angoisse irrépréssible fait rapidement son chemin jusqu’à ton cerveau.

Qui suis-je ?

Aucune réponse. Aucun souvenir. Rien, le néant.

Tu sens ton esprit sur le point de rompre. Tu regardes tes mains encore plein de ce rouge terrible et pourtant aguichant. La folie se montre à toi comme un refuge rassurant.

Fuir, quitter cet endroit. Qitter ce corps. Retrouver qui tu es. Les pensées se bosuculent beaucoup trop vite.
.
- Ca y est, tu es sorti de ta torpeur.

Tu te retournes, surpris par la voix rauque dans ton dos. A une vingtaine de mètres de ta position, un homme se tient les mains sur les hanches. Il sent le tabac froid et la sueur. Il sent le sang. Tu secoues la tête, comme pour en évacuer les pensées étrangères.

Il fait quelques pas dans ta direction, mais s’arrête à une distance qui te semble être de sécurité. Pour lui. Il lance ensuite une flasque en peau d’un animal quelconque.

- Le maître a dit que tu aurais besoin de ça.

Maintenant qu’il a prononcé ses mots, tu ressens avec acuité la sécheresse dans ta gorge, comme une abîme rappeuse et irritée. Tu saisis la gourde et en absorbe goûlument le contenu. Le liquide est épais, avec un goût cuivré. Du sang. Tu bois du sang. Ton esprit se retourne contre cette idée, t’ordonne de recracher, de vomir l’absorption de ce fluide contre-nature. Pourtant, tu continues de boire comme un nouveau-né affamé tète le sein maternel. La texture en est si riche, tu n’as jamais bu quelque chose d’aussi divin. A mesure que tu bois, tu sens une énergie nouvelle emplir ton corps. Tes sens te font l’impression d’une acuité nouvelle. Les bruits de la nuit résonnent particulièrement à tes oreilles. Le son mouvant de la rivière; là le hululement d’une chouette; plus loin le jappememnt d’un coyote; le renaclement de deux montures à une centaine de mètres d’ici. Malgré la pénombre, tu distingues mieux les traits de l’homme en face de toi. Grand et logiligne, ses traits le trahissent comme un natif autochtone. Pourtant, sa tenue, un pantalon de toile sale et une large chemise, en plus du stetson à bord plat et couronne qu'il porte sur sa tête et enfin sa façon de s’exprimer le désignait comme un habitué du monde des blancs.

Tu vides à regret la gourde en peau. Tu aurais aimé que cette dégustation ne cesse jamais. Tu te sens cependant repus, en meilleure forme. L’homme en face de toi l’a remarqué.

- Ne traînons pas. Maintenant que le pouvoir du maître a disparu, les loups ne vont pas tarder à sentir notre présence. Viens. Il nous reste peu de temps  avant que le soleil ne nous trouve, et tu ne peux plus te permettre de lui faire face.

Tu remarques alors le colt qu’il porte à la ceinture.

- Dépêches-toi, te dit-il alors que tu hésites sur la démarche à suivre. Finalement sans véritable autre choix, tu suis l’étrange indien jusqu’aux montures qui vous attendent à une centaine de mètres de là. Deux chevaux de petite taille mais au corps puissant. Instantément, tu sais que ce sont les montures typiques des natifs. Les deux bêtes sont particulièrement agitées et roulent des yeux affolés dans ta direction. Ton compagnon leur parlent alors dans un idiome que tu ne comprends pas et les chevaux finissent par s’apaiser.

- Celle-ci s’appelle Plaine d’automne. C’est une jeune jument au caractère doux. Allons !

Alors que vous quittez la vallée, tes yeux se perdent vers ses hauteurs: un mont esseulé, icongru dans cet espace plat. Rapidement une forêt d’arbres grands et massifs masque ce décorum grandiose. Devant le mutisme de ton guide, tu finis par demander qui est-il et pourquoi semblait-il t’attendre.

- Le maître m’a dit que je te trouverai ici. Je suis donc venu, et je t’ai trouvé. Il m’a aussi dit que je devais te guider, car tu es devenu un Enfant de la nuit, comme lui.

- Un Enfant de la nuit ? Demandes-tu, en proie à une volonté contraire de savoir ce qu’il en est.

- Un Caïnite. Voilà comment le maître vous appelle. Un vampire.

Ton esprit manque de flancher une nouvelle fois. Les contes de bonne femme te monte à l’esprit, les peurs primales de ton enfance. Un vampire, les créatures qui se cachent dans les ténèbres pour boire le sang de l’humanité. Tu n’as jamais crû à ces mythes, et pourtant: le goût du sang dans ta bouche jusqu’à la luxure. Ton coeur inerte. Et ton souffle. Oui, tu finis par conscientiser que ton souffle est inexistant. Ta poitrine ne se soulève ni ne s’affaisse sous le rythme apaisant de la respiration. Un corps mort, animé par l’unique volonté du sang. Ta conscience refuse la vérité, mais ton esprit logique en arrive à la seule conclusion possible : accepter ou mourir.

Les questions fusent dans ta tête, mais la vérité est trop lourde à porter et votre avancée se fait dans un silence pesant. Ton compagnon ne semble pas désireux de s’étendre sur le sujet, et tu n’as pas la force d’en apprendre plus pour le moment.

Soudain, l’Indien vous fait arrêter. Il hume l’air. Plus aucun bruit n’émane de la forêt.

- Par le totem des ancêtres, ils sont déjà là.

Un long et terrible hurlement primal résonne alors dans la nuit.

Une peur millénaire dévore immédiatement ton esprit.

- Fuis pour ta vie ! Crie alors ton compagnon qui lance sa monture au galop, t’obligeant à en faire de même.

Le vent de la course folle de la jumant fouette ton visage, tandis que tu peines à suivre ton guide. Ta monture virevolte entre les arbres, alors que tu te couches sur elle pour éviter les branches. Frénétique,  ta chevauchée paraît interminable, quand ton instinct finit par te faire regarder en arrière. Fugacement, tu aperçois la silhouette d’un loup déporté à une quinzaine de mètres sur ta droite. Un peu plus loin, une forme grotesquement massive dont tu ne parviens pas à déterminer les traits participe à la chasse.

Une chasse dont tu es la proie.

Combien sont-ils ?

Tu veux te réveiller de ce cauchemar, mais le galop qui te secoue dans tout les sens te rappelle que tu es bel et bien éveillé. Et si tu ne fais rien, tu pourrais bien rejoindre le sort des chercheurs d’or dont les cadavres jonchaient le sol près de la rivière.
Faust
Faust
Admin
Messages : 60
Date d'inscription : 27/02/2019
https://mageascension.forumgaming.fr

La fièvre du sang Empty Re: La fièvre du sang

Jeu 11 Avr - 1:14
ἔγρεο !*

Je m'éveille. L'impression d'être...A nouveau né dans le ventre de ma mère. De l'eau et du sang. Mon esprit flotte, engourdi, comme mon corps.

Éveil dans le sang et la douleur. Je sursaute en observant cet homme. La moitié d'un visage cadavérique et longiligne mangé par une barbe et un oeil émeraude pâle encadré de tentacules de cheveux longues et noires m'observe...Je m'aperçois dans un frisson d'horreur que ce sont mes traits qui flottent dans l'eau rouge...De l'eau rouge ? Non...C'est...Du sang...

Je suffoque et mes pensées s'affolent. Où suis-je ? Mes mains osseuses glissent dans une surface spongieuse. Je suis sur le bord de l'eau. Un ruisseau. Je me relève péniblement, et observe mes doigts fins et la bague blanche à mon annulaire. Un étrange motif est gravé sur le dessus. Un crâne ? A genou, je commence à m'affoler, mais mon cœur semble refuser de fonctionner. Que se passe-t-il ? Je suis mort ? Mon regard cherche dans tous les sens des réponses. La mare de sang. La soif me tenaille. Mais mon attention est déviée par les quatre cadavres qui flottent dans des positions aberrantes, leur peau blêmes renvoie les rayons de l'astre lunaire d'un ciel nocturne virginal.

Mes pensées m'emportent dans un torrent, alors je me concentre sur ma raison.
Ces hommes. Ce sont des chercheurs d'or. Un feu éteint au bord du rivage. C'est de là que vient cette odeur de cendres. Leur équipement est là. Soudain, la question me frappe comme un marteau en pleine tête.

Mais...Moi, qui suis-je ?

Angoisse sourde à laquelle ne répond qu'un silence abyssal. Tremblements. Une brèche s'ouvre dans mon esprit qui flanche, devenant aussi liquide que l'eau dont je viens de sortir. La folie m'étreint un instant, comme si en voulant fuir cette situation je tombais de la falaise de mon être dans un tourbillon de déraison.

- Ca y est, tu es sorti de ta torpeur.

Par réflexe je me retourne dans une position défensive pour observer la source de cette voix grave. Un indien. Odeur de tabac. Et de sang. Je secoue la tête. Comment je peux sentir tout ça ? Et pourquoi ce sang m'attire..?

Il s'avance, mais s'arrête à la distance d'un chasseur prudent. Je peux sentir sa peur. Il me lance une flasque en peau. Une odeur délicieuse en exsude.

- Le maître a dit que tu aurais besoin de ça.

La soif. Je me jette sur la gourde comme si je n'avais pas bu depuis des semaines, et le délicieux liquide m'abreuve. Pourquoi est-ce si épais, et c'est quoi ce goût cuivré ? Ma conscience réalise alors. Du sang. Je...Je bois du sang...Vomir. Non...Boire...Boire encore plus...Par tous les Dieux, que c'est bon !...
Culpabilité. Dégoût. Puis tout devient si intense, comme si l'on venait d'enlever la crasse d'une vitre, laissant entrevoir un tableau vivace, alors que la vitalité emplit ce corps décharné habillé de guenilles.
- Ne traînons pas. Maintenant que le pouvoir du maître a disparu, les loups ne vont pas tarder à sentir notre présence. Viens. Il nous reste peu de temps  avant que le soleil ne nous trouve, et tu ne peux plus te permettre de lui faire face.

Un rayon de lune frappe sur le colt passé à sa ceinture. J'ai tellement de questions. Mais je ne sais pas qui est cet homme, ni si je peux lui faire confiance. Je me tais donc.
- Dépêches-toi
J'évalue les choix qui me sont offerts, ce qui ne me prend pas plus d'un souffle inexistant. Je ne sais pas qui je suis, ni où je suis. Et cet indien blanc semble le seul être plus ou moins vivant dans les environs à vouloir me venir en aide et qui semble en savoir plus sur moi que moi-même. Ou si ce n'est lui, son Maître semble me connaître. Je décide donc de le suivre, grimpant sur "plaine d'automne" sans difficulté, comme si j'étais habitué à monter. Est-ce le cas ?

Tandis que nous chevauchons vers la forêt et que je distingue ce Mont esseulé qui ne me dit rien, je décide de prendre la parole d'une voix étrangement grave. Celui-ci me répond cryptiquement en remettant son "Maître" sur le tapis, puis m'annonce de but en blanc que je suis un Vampire. Fariboles. C'est le premier mot qui me vient. Pourtant, je dois bien reconnaître ce qui est sous mes yeux. Mon cœur ne bat toujours pas malgré mes angoisses. Et je ne respire pas. Pourtant je continue de chercher une autre explication à tout cela. Pourtant il faudra bien l'accepter. Alors je me tais, et nous continuons notre périple, jusqu'à ce qu'il hume étrangement l'air alors qu'un frisson me parcourt l'échine.
- Par le totem des ancêtres, ils sont déjà là.

Un hurlement.

- Qui est là ? Demandé-je à voix presque basse. Une terreur indicible monte en moi et je me retourne pour voir de qui il parle.

- Fuis pour ta vie !

Ma monture part au galop avec la sienne, et je suis l'Indien tant bien que mal, couché, mes longs cheveux encore trempés fouettant mon visage. Je finis par tourner à nouveau la tête et distingue la menace tapie dans les arbres. Un loup. Énorme. Et juste un peu plus loin...Qu'est-ce que c'est ? Une silhouette encore plus énorme. Qui court sur deux pattes, mais bien plus grand et rapide qu'un humain. Un autre frisson me parcourt la colonne. La peur m'envahit. Nous sommes chassés. Je suis chassé. Et malgré tout ce que j'essaie de me dire pour me rassurer, je sais au fond de moi que ce ne sont pas des loups. Si je ne fais rien, je vais mourir déchiqueté, ou pire.

Un vampire peut mourir ? Quelque chose en moi me souffle que oui, et que ces créatures peuvent me tuer.

Au comble de cette peur irrationnelle je jette des coups de talons frénétiques dans les flancs de la jument :
- Allez ! Plus vite !

Je me retourne pour constater que malgré nos efforts, les créatures gagnent du terrain. La frayeur se transforme en terreur. Je n'ai aucune chance face à eux. Je vais mourir sans savoir ni où ni qui je suis.

Un éclair blanc passe devant mes yeux. Une décharge me parcourt tout le corps. Affrontes les !
Tandis que je tombe de ma monture projeté comme un foetus de paille à terre, je mets quelques secondes à essayer de comprendre ce qu'il vient de se passer. Une branche a frappé l'arrière de mon crâne. Douleur aiguë. D'où venait cette voix ? Mes pensées divaguent, mais les grognements haineux qui se rapprochent me ramènent à la réalité, et une autre décharge m'envahit, de pure épouvante. Ce cri de rage presque humain me glace jusqu'à l'âme, et mon esprit glisse lentement vers la folie. Tout ça n'est pas en train d'arriver. C'est insensé !
La silhouette qui me fonce dessus en courant a pourtant l'air bien réelle, elle. Malgré la rapidité de sa course que je peine à suivre, je distingue une sorte de Chimère entre un humain à la taille gigantesque et un loup monstrueux. Toutes griffes et crocs dehors, il bave comme un démon possédé. Une certitude grandit alors à nouveau en moi : il va me dévorer vivant. Ma raison s'enfuit peu à peu, lâche témoin de ma mort prochaine. Un autre éclair me frappe, plus violemment que le premier. AFFRONTES LES !

Trop tard pour se poser des questions. Le souffle pestilentiel de la bête est sur moi, et son poids monstrueux m'écrase tandis que ses griffes commencent à me lacérer alors qu'il hurle sa rage. Tout va alors très vite. Mon sang se met à bouillir. Quelque chose se passe en moi. Ma conscience, qui était sur le point de rompre un instant auparavant se raffermit, et sans que je le veuille mes bras bloquent la mâchoire du monstre alors qu'il s'apprêtait à engloutir mon visage. Étrange sensation d'étonnement, comme si mon âme et mon corps étaient deux entités séparées. Mes biceps fins et secs forcent à tout rompre avec la force d'un ours dans une lutte désespérée qui est loin d'être gagnée. Du coin de l’œil je peux entrevoir que son allié l'énorme loup approche. Chronos semble alors suspendre son œuvre. Je sens le sang qui se propage en jet dans mon corps, et mes doigts fins aux ongles sales qui se contractent comme de l'acier dans une tension inhumaine, alors même que les griffes de la bête continuent de lacérer ma chemise, mon torse et mes côtes sans que cela semble réellement m'atteindre.
La sensation est presque grisante, et une vague frénétique m'envahit totalement lorsque je sens la mâchoire du monstre céder peu à peu dans un glapissement aigu. Un hurlement inhumain sort de ma bouche en écho, et mes mains arrachent les deux moitié de sa gueule dans un horrible bruit d'os.

Dans un état second, comme si j'observais quelqu'un d'autre, mes jambes me relèvent comme par magie, et j'eructe d'une traite avec un rictus aux lèvres tout en montrant le bas de la gueule arrachée et sanguinolente de mon trophée à son compagnon qui s'est arrêté, visiblement choqué :
- Η θάνατος είναι η αρχή της αιωνιότητας* !

Malgré tout, une partie de moi sait que ce combat m'a mis à bout de force, et que si ils sont venus en meute mes petits prodiges ne suffiront pas à me sauver. Mais mon esprit rationnel est incapable de raisonner mon corps, incapable de calmer cet excès de fureur incontrôlable. Une bête tapie en moi était sortie pour affronter ces autres bêtes. Et maintenant, je suis un berserker, et cette fureur sacrée ne semble pas prête de prendre fin. Passager de ma propre conscience, je regarde l'allié loup du monstre mort qui m'observe comme Fenrir guettant le Ragnarök. Il m'évalue. Ou il attend des renforts....

Ma rage prend alors à nouveau le contrôle et je saute à la gorge de ce loup titanesque. Ma psyché s'effondre devant la bête. Plus de contrôle. Plus d'état d'âme. Un pur instinct de sauvagerie. Et avant que je ne tombe dans une inconscience salvatrice sous cette pression inconcevable, je ne peux que remarquer que j'ai l'air...D'aimer ça. Peut-être pour la dernière fois.




*ἔgreo : réveilles-toi !
** Η θάνατος είναι η αρχή της αιωνιότητας (İ thanatos eínai i archí tis aeoniotítas) : La mort est le commencement de l'éternité
Masika
Masika
Messages : 42
Date d'inscription : 19/03/2019

La fièvre du sang Empty Re: La fièvre du sang

Mar 24 Sep - 6:48
Un panorama de roche, de tripes et de sang. Lentement la fureur se retire, comme un océan à marée basse. Devant toi un carnage. En facei, un homme nu à la cage thoracique défoncée. Plus loin le cadavre d’un loup dont il manque la tête. A ta gauche, ta monture éventrée. Tout cela t’apparait aussi nettement que sous un soleil de midi, alors qu’un nuage masque pourtant la lune et plonge l’horrible scène dans les ténèbres.

Sur tes mains du sang. Instinctivement tu portes tes doigts à ta bouche, comme s’il s’agissait du plus précieux des nectars. Le parfum en est muscé et le goût puissant. Au fond de toi quelque chose remue, en demande plus. Mais le carnage autour de toi suffit pour comprendre que tu as eu plus de sang qu’il n’en faut, même pour l’étrange créature que tu es devenue.

- TAR… Sans comprendre comment, tu sais que ce mot signifie Lune dans la langue de ton guide. En l’occurence, cela pourrait également signifier Seigneur de la nuit.

L’Indien, toujours juché sur sa propre monture, te contemple avec un mélange de crainte et de respect superstitieux.

- Nous ne pouvons nous attarder. Il va en venir d’autres. Ils voudont se venger. Viens, nous devons partir et la lune est déjà basse.

Tu grimpes à sa suite sur l’étalon qu’il monte, et si ce dernier renacle un peu à ton contact, son cavalier le lance imméditament au galop. Accroché à l’Indien, tu peux sentir l’odeur de son sang, qui palpite dans son corps. Un sang qui à une odeur familière : la tienne.

Votre cavalcade dure un long moment, avant que l’Indien ne finisse par faire ralentir sa monture. Vous avez traversé une immense étendue de conifères, dont certains arbres atteignent des hauteurs vertigineuses, encaissée par de majestueux sommets.

- Nous avons quitté le territoire des loups, mais nous ne sommes pas à l’abri de leurs excrusions ici.

Pendant ce que tu estimes encore deux heures, vous continuez à avancer jusqu’aux abords d’un lac immense, aux eaux calmes. Vous mettez pieds à terre, et tandis que tu t’attardes sur la splendeur du lieu, l’indien va s’affairer dans un amas de rochers qui bordent les eaux transparentes sous les rayons lunaires. Il revient en tirant une embarcation typique de son peuple, qu’il pousse dans ta direction. A l’intérieur une pagaie.

- Tu dois te hâter, le soleil ne va plus tarder à présent. Navigues jusqu’à cet îlot. Il te montre du doigt un morceau de terre au milieu du lac, couvert par des arbres. Tu trouveras une cabane du côtéqui nous est aveugle. Le maître a dit que tu y trouverais les réponses à tes questions et que tu y serais en sécurité pour le faire.

Tu lui demandes pourquoi il ne t’accompagne pas, et sa réponse est tranchée :

- Ceci est ta quête personnelle, et personne d’autre que toi ne peut se rendre à cet endroit. Mais je serai là quand tu en auras fini.

Sans dire plus, il pousse le canoë dans lequel tu t’es installé et tu te retrouves à pagayer maladroitement sur l’onde paisible mais glaciale du lac. Mû par une forme d’urgence que tu sais lié au lever prochain du soleil, tu t’empresses autant que te le permet ton sens de la navigation, de gagner l’îlot qui t’a été désigné. Tu prends le temps de le dissimuler parmi les premiers arbres du bosquet, avant de prendre la direction de l’ouest, à l'opposé du rivage où tu as accosté.

Moins de dix minutes de marche te conduisent à une cabane de bois simple, dénuée d’autres ouvertures sur l’extérieur que la porte. Etonnament, cette dernière n’est pas close et s’ouvre sans difficulté quand tu poses ta main sur la poignée. Le seuil te fait l’impression d’une légère résistance, mais tu le franchis tout de même aisément. L’intérieur, plongé dans l’obscurité, est nu et dépouillé de tout mobilier. Tes yeux n’ont cependant aucun mal à repérer la trappe dans le sol. Lorsque tu la soulèves, un air sec s’enfuit pour découvrir un escalier de bois qui s’enfonce dans les ténèbres. L’amorçe de la descente dans les profondeurs te fait la même sensation que sur le seuil : une sorte de résistance invisible qui te laisse finalement le passage en moins d’une seconde. L’escalier s'achève dans une sorte de grotte naturelle de la géologie insulaire.

Lorsque tes pieds se posent sur le sol rocheux, les flammes de quatre chandeliers s’allument seules, te prenant par surprise. Installés en carré élargi, leur lumière éclaire  un lieu tout à fait singulier. Une table de pierre siège au coeur de la grotte. Des étagères couvertes de livres et de papyrus participent à donner une impression de pièce taillée par l’homme, en masquant les irrégularités de la roche. De manière incroyable, les livres sont intacts, en aucune façon altérée par l’humidité qui devrait suinter dans une grotte entourée par les eaux d'un lac. Mais tu as déjà fait le constat que ce lieu est parfaitement sec.

Une dalle de pierre, masquée par des couvertures doit servir de lit. Un passage entre les étagères mène à une sorte de réserve dans laquelle de nombreuses jarres soigneusement scellées sont rangées. Tu n’as pas besoin de les ouvrir pour savoir qu’elles contiennent du sang, lui aussi préservé par ce qui ressemble de plus en plus à quelques sortilèges.

Enfin, malgré une forme de torpeur qui commence à te gagner, tu t’approches de la table sur lequel repose un livre ouvert sur la première page. Une écriture déliée y a inscrit quelques mots.

Εδώ είναι όλες οι γνώσεις που θα χρειαστείτε. Φροντίστε να τα εξερευνήσετε πριν αντιμετωπίσετε το κακό που πλησιάζει.*

                                                 
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


La lecture de toutes sortes d’ouvrages : livres reliés, rouleaux de papyrus, palimpsestes, pierres taillées aux symboles gravées dans des langues diverses que tu parviens inexplicablement à lire sans difficultés,  prennent des mois à te faire découvrir un monde de ténèbres dont tu ignorais tout.

Vampires, Loups-Garous, Mage, Revenants et Fées parcourent ce monde. Toi-même, tu es devenu l’un des leurs : un enfant de Caïn. Clans et lignées, histoire et généalogie te sont révélés au fur et à mesure de tes lectures frénétiques. Perturbante, la découverte d’un monde caché dans celui que tu as toujours connu est d’abord déstabilisante, puis grisante et enfin terrifiante. Tu dévores les mystères qui se cachent dans les ombres de l’humanité, le contrôle des vampires sur les mortels, leur peur viscérale des protecteurs de Gaïa, et leur ignorance des autres acteurs de ce monde parallèle.

Le fil rouge de tes découvertes restent pourtant celui que tu sais maintenant être ton sire. Le puissant Adonijah, le berger, est né bien avant les civilisations grecques ou romaines. Il a arpenté la cité mythique d’Enoch, mais aussi les grandes cités de l’antiquité : Uruk, Babylone, Cyrène, Athènes, Rome avant de participer au songe brisé de Carthage. Il a pris la fuite vers le nouveau-monde lors de la chute de cette dernière, un territoire encore vierge de l’empreinte des siens, pour lui permettre de mener à bien son sacerdoce.

La plupart des manuscrits rédigés par leurs scolastiques conte l’histoire des origines des vampires à travers la condamnation de Caïn par Dieu pour le meurtre de son frère Abel. Adonijah a, lui, découvert ce qui est dissimulé entre les lignes mythologiques du livre de Nod : Abel avait une descendance. Une lignée abritée de la malédiction par le tout-puissant.

Des années de généalogie que seule l’immortalité d’un vampire rend possible ont permises à Adonijah de retrouver les mortels descendants d’Abel. Conscient de la prédation dont ils pourraient être l’objet par ses pairs, il en est devenu le gardien. Le berger. Sa fuite de Carthage n’avait d’autre sens que celui d’emmener dans son sillage les trois derniers mortels descendants d’Abel. Parti vers l’ouest, au plus près de l’autre océan, il a dissimulé les héritiers du frère de Caïn dans les populations mortelles locales. Il s’est ensuite mis en retrait, prenant soin de veiller sur la perpétuation de la lignée d’Abel.

Outre ses nombreuses recherches et théories, le berger a également suivi une piste mythologique qui apparaît dans plusieurs de ses ouvrages. D’après lui, le sang des descendants d’Abel pourrait mettre un terme à la Malédiction des enfants de Caïn. Dans le fil de ses idées, si un descendant d’Abel venait à livrer son sang de plein gré à Caïn, ce pardon mettrait un terme à la Malédiction divine de Caïn et libérerait son sang de la malédiction de l’immortalité et de sa soif perpétuelle. Si cette théorie s’avérait exacte, nul doute que la Géhenne craint par la plupart des Caïnites ne serait en réalité qu’une illusion sur la vraie menace qui plane sur eux. Adonijah affirme ainsi à plusieurs reprises que Caïn cherchait la rédemption avant sa mystérieuse disparition.

Les écrits plus récents de ton Sire insistent beaucoup sur une vision prophétique qui lui est venue en songe. Les mortels, de plus en plus nombreux sur le Nouveau-monde, abrite en leur sein une conjuration d’occultistes du sang de Caïn qui ont eux aussi découvert la lignée d’Abel. Terrorisés par la crainte du pouvoir sur le sang des enfants d’Abel, ils vont se livrer à un massacre des populations ancestrales du nouveau continent pour mettre un terme à cette menace. Le berger paraissait particulièrement inquiet, car cette fois-ci il n’y aurait pas de fuite possible. Dans ses derniers écrits, Adonijah pressentait le danger comme imminent. Pour faire face à cette menace qu’il ne connaissait plus, il devait trouver une parade qui comprenait les envahisseurs. Qui connaissait leur façon de penser pour pouvoir la contrer.

Tu lèves la tête du parchemin, abasourdi par la conclusion qui s’impose : tu as été choisi !

Le reste de tes lectures confirment ce décryptage des intentions de ton Sire. Pour cela, tu comprends qu’il t’a confié à la tribu des Ahwahnechee sur laquelle tu pourras t’appuyer et que ton refuge actuel se trouve dans la vallée Awooni**. Le Berger évoque aussi dans sa vision prophétique une ville gangrénée par les Enfants de Caïn, à l’ouest d’Awooni, qui avalerait les descendants d’Abel. Rien de plus n’est cependant mentionné. Aucun écrit sur les récents évènements qui t’ont conduit dans cette situation. Ni sur ce qu’attendait de toi le berger.

Reste une question lancinante, qui t’absorbe plusieurs soirs où tu contemples le reflet de la Lune en te nourrissant du sang riche de l’une des jarres : que vas-tu faire de tout cela ?




* Ici se trouvent toutes les connaissances dont tu auras besoin. Prends soin de les explorer avant de te confronter au mal qui approche.
** Yosémite
Faust
Faust
Admin
Messages : 60
Date d'inscription : 27/02/2019
https://mageascension.forumgaming.fr

La fièvre du sang Empty Re: La fièvre du sang

Mer 25 Sep - 14:51
Me réveillant à nouveau d'un autre songe avec l'impression de tomber d'un cauchemar à l'autre, c'est avec mon gardien indien que je retrouve conscience au milieu d'un carnage dont je suis sûrement responsable. Jet de bile. Du sang. Encore du sang. Que je ne peux m'empêcher de lécher comme si ma vie en dépendait alors que j'ai l'impression d'être déjà repu. Une vague de dégoût de moi-même me traverse jusqu'à l'âme. Quel monstre suis-je devenu ?

L'indien m'appelle Lune, mais je n'ai ni le temps de m'attarder sur les raisons qui font que je peux le comprendre, ni sur toute cette situation totalement irréelle. Je monte derrière lui sans un mot de plus, plus choqué que laconique. Je me demande quelques secondes pourquoi son sang à l'odeur du mien, avant de me dire que rien de tout cela n'avait de sens, alors pourquoi pas.

Un frisson me parcours l'échine alors qu'il m'annonce que même hors du territoire de ces loup-garous, nous pouvons toujours être leur proie.

Perdu dans mes pensées vides, ma conscience reprend ses droits alors que nous arrivons à ce qui semble être notre destination. Un lac immense. Un paysage sûrement idyllique en d'autres circonstances. Je m'aperçois du retour de l'indien que je n'avais pas vu partir. Il ramène une pirogue. Une pagaie est posée à l'intérieur. Sa voix passe au travers de mon esprit comme un murmure lointain, mais je comprends l'essentiel. Derrière l'île. Un refuge. Le Maître.

Commençant à traîner l'embarcation, je m'aperçois qu'il ne me suit pas. Je brise une seconde mon silence intérieur au prix d'une grande souffrance :
- Et toi ?, lui demandé-je sans grande conviction. Il me répond alors que cette quête est la mienne et qu'il ne peut pas me suivre, mais qu'il sera là à mon retour. Pas vraiment rassurant, mais tout cela ne m'affecte en rien. Mon esprit et mes émotions sont trop engourdies pour ressentir quoi que ce soit.

Je rejoins l'île tel une sorte d'automate. Une cabane en bois visiblement abandonnée. Une trappe. Un escalier, que je descend avec une certaine lassitude, pour découvrir avec à peine plus de curiosité cette grotte taillée. Seules les torches qui s'allument par Magie attisent quelques secondes ma curiosité. Une grande table de pierre. Des étagères remplies de parchemins, papyrus et autres volumes. Une dalle que je soupçonne être une couche. Entre les étagères, un passage menant à une sorte de réserve. Des Jarres...De sang. Encore du sang. Un nouveau jet de bile qui remonte. Tout est ici totalement inexplicablement préservé et sec. Sûrement un autre maléfice.

Une fatigue que je sens être surnaturelle me gagne, malgré que mon esprit engourdi veuille y résister. La défiant je me rends jusqu'à la table, et observe le mot écrit en grec et que je comprends parfaitement. Sûrement un mot de celui que l'indien appelle le Maître. Me confronter au mal qui approche...De quoi peut-il bien parler ?

Sans prévenir, l'inconscience me happe encore une fois et je tombe.

****

Les nuits défilent telles des étoiles filantes dans les méandres de ma curiosité. Qui suis-je ? Quelle est la signification de cette bague en os sculptée d'une tête de mort, seul indice de ce qu'a dû être un jour ma vie ? Je me sens aussi perdu qu'un marin sans compas, et j'espère que cette bibliothèque m'en offrira un.

Mais plus les nuits passent, plus je constate avec amertume et frustration que ces fichus morceaux de papiers ne contiennent aucune des réponses que je recherchais. En revanche j'y apprends tout sur les Cainites, Loup-garous, Mages, revenants, et même sur le petit peuple. Mais rien sur moi. Je continue toutefois la lecture sur l'Histoire des Vampires, leurs Mythes, leur malédiction, leurs lignées et même des connaissances secrètes sur la lignée d'Abel. Je comprends cela en toutes langues, et même si cette information a peut-être un rapport avec celui que j'étais, je n'en conserve aucun souvenir.

Au bout d'un temps, constatant mon état décrépit, j'instaure un bain nocturne dans le lac tous les soirs. J'y passe du temps à cogiter sur ce que j'apprends, l'eau semblant avoir un effet bénéfique sur ma santé mentale vacillante. Mais au fil de mes lectures le désespoir et l'incompréhension se transforment quelquefois en rage, ravageant les étagères et maudissant cette existence, vomissant ce sang maudit que j'étais contraint d'avaler pour survivre. Je m'en privais quelquefois plusieurs jours, mais la faim finissait immanquablement par vaincre le peu de volonté qu'il semblait me rester. D'autres fois j'errais tel un ermite fou, répétant certains écrits à voix haute, pour ensuite m'en apercevoir et me traiter de fou.

Prostré dans un coin de la grotte, les ouvrages éparpillés un peu partout sur le sol, je me mis finalement à pleurer, mon esprit au bord d'un insondable gouffre. Je m'étais enfermé ici pendant des mois, et finalement, à la dernière lettre des dernières notes de ce "berger" qui avait égaré une de ses brebis, je m'apercevais que rien de tout cela ne me donnerait de réponses. Les cauchemars que j'avais fait pendant ces nuits ne m'étaient pas d'un grand secours. L'un de me montrait combattant dans des mares de sang. L'autre un massacre que j'avais perpétré avec une épée. Une autre où un étrange personnage me disait que "je serais la Mort" en me tendant la bague que je portais maintenant comme une boussole. Puis combat et massacres avec toutes les armes blanches et à feu connues se succédèrent dans des rivières de sang. Mais rien dans tout cela ne m'indiquait qui j'avais bien pu être, comment j'étais arrivé jusque là ou pourquoi. Juste l'obscurité. Et la Mort.

De rage, j'arrachais cette bague en os gravé de mon doigt et la jetait violemment contre la paroi opposée en criant bestialement. Mais seul l'écho de mon cri déchirant le silence de cette retraite me répondit :
- MAUDIT SOIS TU, BERGER DE MALHEUR ! CREVES DANS TON SANG POURRI !

Car malgré mes efforts pour apprécier cette destinée dont je ne comprenais rien, je la détestait. J'étais perdu. Avais-je décidé cette destinée ? M'avait-on forcé à devenir ce Monstre ? Cet Adonijah était-il vraiment mon Sire ? Mais avant cela, qui avais-je été ? Qui avais-je aimé, détesté ? Qui se cachait derrière ces yeux verts et cette longue barbe et ces longs cheveux noirs qui me faisaient ressembler à une sorte de mendiant ?

Et maintenant, une quête. L'indien disait que ce serait une quête personnelle. Mais non, je n'ai encore rien choisi. C'est la quête d'un autre que je venais de déchiffrer. La quête d'un être millénaire qui m'avait visiblement choisi. Mais choisi pour quoi ? Et où était-il, ce mystérieux Sire ? Les premiers temps je m'étais attendu fébrilement à sa visite chaque nuit, mais il était maintenant assez clair qu'il ne viendrait pas. Me laissant seul avec ses livres, et sa quête.

Les nuits qui suivirent je me mis à réfléchir. A moi. A ce que je pourrais faire de cette "non vie" que l'on m'avait offerte et que je détestais tant. Je pourrais tenter de m'y accommoder et m'installer ici, afin d'apprendre encore plus de choses sur mon état que mes entraînements improvisés ne m'en avaient fait entrevoir. Je pourrais sûrement devenir riche. Et je pourrais sûrement devenir puissant. Mais la quête semblait m'appeler avec plus de force encore. Après tout, si je détestais tant cet état, autant essayer de trouver cette lignée et tenter de soigner cette malédiction qui semblait vouloir ronger mon être ?

Au bout de quelques jours supplémentaires à penser sans bouger un muscle, je finis par me relever. Avec lassitude je rangeais les ouvrages, les jarres, puis remontais jusqu'à la surface. Lentement je me dirigeais vers la barque, la tirait puis m'installait dedans en commençant à pagayer vers l'autre rive, comme remontant le Styx...

****

Arrivant sur l'autre rive, je constate avec une certaine surprise que mon serviteur Indien était bien là, comme si une magie obscure nous connectait. J'avais appris lors de mes lectures que les goules se nourrissaient du sang des vampires pour se rendre plus puissantes, et qu'un lien se formait alors. Un lien souvent obsessionnel et indéfectible de loyauté de la goule pour son Maître. Je ne savais pas en revanche si une goule pouvait avoir plusieurs Maîtres, mais je pensais que comme dans le cœur des hommes, un lien détruit le plus souvent le précédent. J'étais donc peut-être devenu son nouveau Maître.

Je le regarde tout en sortant de la pirogue, posant la pagaie, et me dirige vers lui, posant mes yeux émeraudes dans les siens sans plus d'embages :
- Prépares moi une monture, des armes et des vivres. Je pars vers l'Ouest.

Je laisse un silence tout en regardant le décor de cette nuit de pleine lune avant de revenir sur lui :
- Me suivras tu ?

Quelle que soit sa réponse, je le suis et ajoute :
- Oh...Il me faudrait aussi un rasoir...
Contenu sponsorisé

La fièvre du sang Empty Re: La fièvre du sang

Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum