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Faust
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Poetry of Fear... Empty Poetry of Fear...

Ven 15 Avr - 14:17


Quelque part, à une date indéterminée de l'année 1928...

Odeur de tabac, de désinfectant et de vieux linge. Un bruit plus lointain. La pluie ? Douleur. Quelque chose tape dans ton crâne tape de toutes ses forces pour sortir. Tu essaies d'ouvrir les yeux, mais la douleur de cette lueur est trop forte et tu abandonnes. Une voix toute proche s'élève à côté de toi :
- Eh bien, Miss, j'ai bien cru que vous alliez y rester. Comment vous sentez vous ?
La voix est tellement proche que tu peux sentir les relents de whisky qui s'en dégagent. Vieille, légèrement rauque, et un accent...De New-york ?
Tu tentes de bouger, mais ton corps est en aussi mauvais état que ta Oakland. Le mal de tête repart de plus belle, en même temps que la voix de l'olibrius à côté de toi :
- Mademoiselle ? Mademoiselle ?
Ton front est mouillé. Sûrement qu'il est en train de passer un gant dessus. Tu essaies d'ouvrir les yeux une nouvelle fois, et cette fois c'est la bonne. Ton regard collé et flou se pose sur ce que tu penses être un visage à contrejour d'une petite lampe en bronze à Mirzas décorés de perles vertes. Tu plisses les yeux, et le visage commence à ressembler à un vrai. Vieux. Buriné à coup de serpes. Un visage tout en longueur dont le collier de barbe blanche affiné encore la maigreur. Le teint pâle, les yeux bleus clairs légèrement vitreux assortis à un regard d'aigle étonnamment vif pour quelqu'un de cet âge . Il est habillé de manière frustre d'un ancien costume anglais, et de sa manche dépasse une main ridée qui t'éponge le front. Il a l'air inquiet d'un brancardier dans un hôpital de campagne, comme si tu allais clamser dans la minute.

Ton esprit finit par émerger du coton, et parmi les nombreuses questions qui tournent comme un train lancé à pleine vitesse, une t'étreint soudain aussi vivement qu'une guillotine : Bon sang, mais qui es tu ?
Dans les brumes de ta conscience meurtrie, la voix rassurante du vieil homme s'estompe. Tu es...Tu es Ruby. Matricule 663-48, 92eme division du 369e régiment d'infanterie. Ancienne Inspectrice de la Police de Boston, et maintenant Détective privée. Ruby Bones, Matricule 6-6-3...D'accord, d'accord !! Tu cèdes sous les coups de boutoir du mal de tête qui te saisit à nouveau. Les souvenirs affluent. Vagues. Obus qui font se soulever la terre. Puis un appartement sombre, assorti d'un fauteuil et d'une bouteille de Black & White que tu es en train de t'enfiler d'un trait à la bouteille, un verre vide à la main. Puis l'Académie de Police de Boston, suivi du visage tuméfié du flic qui va signer la fin de ta carrière. Enfin la vitre de ton bureau enfumé, avec l'inscription que tu peux lire à l'envers : Ruby Bones, P.I.

Tu sors de ta transe alors que le vieil homme te serre doucement la main dans la sienne, froide :
- Vous êtes sûre que vous vous sentez bien ? Vous devriez vous rallonger, vous êtes couverte de bleus. Vous avez de la chance d'être en vie, vous savez..., dit-il en t'observant en silence quelques dizaines de secondes. Laps de temps dont ton esprit profite pour te marteler le reste de ton histoire, plus récente.

Tu te souviens maintenant. Tout ça avait commencé par une affaire moins banale que d'habitude. Anthony "le vieux Tony" Capelli. Un des grands Capos de la Mafia de Boston, et un magnat de l'industrie du bâtiment. Un vieil enfoiré surtout connu pour ses colères meurtrières et son penchant pour les belles pépés. Il avait franchi la porte de ton bureau il y a deux nuits avec deux de ses gorilles et t'avais demandé de but en blanc de retrouver sa petite fille, Cassandra. Tu l'aurais bien envoyé se faire foutre lui et son fric couvert de sang d'innocents. Mais tu avais des factures à payer, et il avait jeté sur la table une belle avance. Cassandra Capelli. Une étudiante de dix neuf ans. Oui, ça y est. Tu te souviens. Elle était partie faire ses études loin de son père (comment le lui reprocher ?) mais à distance raisonnable. Comme une bonne fille à Papa dans son genre, elle avait choisi la prestigieuse Université de Miskatonic, à Arkham. Elle avait disparu depuis plus d'une semaine, mais les flics d'Arkham n'étaient évidemment pas pressés d'aider le type que la Police de Boston essayait de coincer depuis plusieurs années sans succès. Alors tu t'étais mis à sa recherche, direction Arkham.

Et puis...Plus rien. Ton dernier souvenir est celui du train qui démarre pour t'amener là-bas.

Tu te retournes vivement vers la fenêtre de l'autre côté. Le décor n'est clairement pas celui de Boston. Au travers des barreaux de la fenêtre tu peux voir la pluie battante. Et au-delà, le décor d'une ville. Et clairement, ce n'est pas Boston.

Poetry of Fear... Mihail10

Le vieil homme, constatant que tu as l'air d'aller mieux, finit son lent monologue :
- ...Et c'est comme ça qu'j'vous ai trouvé, gisant là, trempée au fond de l'impasse. Vous étiez dans un sale état, ça pour sûr ! Comme si on vous avait battu à mort. Alors j'vous ai ramené ici,  je vous ai allongé là...Prenez, buvez une tasse de café, ça vous réchauffera, te dit le sympathique vieil homme d'un air poli et amène en te tendant une petite tasse en porcelaine avec des motifs de fleurs dorées.

Tu prends la tasse avec précaution mais reconnaissance. Tu es clairement en manque de caféine. Tu tends la tasse à tes lèvres en pensant à une clope, tandis qu'il t'observe avec un sourire. Un sourire. Tandis que la tasse se lève, ton regard tombe sur la décoration pour le moins spartiate de l'endroit. Une chambre. Une tapisserie un peu décrépie. Une odeur de café et d'antiseptique. Tu te sens vaseuse. Nauséuse. Regardant au dehors, tu as l'étrange impression que c'est cette ville toute entière qui t'inspire un étrange sentiment. De la nostalgie ? Mais aussi quelque chose de mystérieux. Sûrement que toute cette histoire dont tu ne te rappelles pas n'y est pas étranger. Comment étais tu arrivée ici ? Comment et par qui ton corps avait-il été roué de coups au point que tu ne sentes plus qu'une immense vague de douleur chaque fois que tu bouges ? Que c'était-il passé depuis que tu étais partie de Boston ?

Alors que tu cherches une réponse, le vieil homme insiste :
- Allez, buvez, ça va vous requinquer ça, faites moi confiance...Dit-il avec le même sourire. Un sourire amical. Un sourire gentil. Son regard bleu est penché sur toi. Sur toi toute entière. Malaise. Soudain, une idée commence à germer dans ton cerveau. Les marques sur le papier peint. Le mur. Quelque chose à gratté ce mur. Et tu as la vague impression que c'est trop gros pour être un rat. Soudain, tu sens une odeur. Derrière le café. Derrière le désinfectant mêlé de la décrépitude. Une odeur...Plus acide. Une odeur qui pique le nez.

Deux informations se percutent soudain, comme deux trains qui entrent en collision. Tu es nue. Aussi nue qu'on peut l'être. Et plus tu regardes ce vieil homme, et plus tu finis par trouver son regard étrange. Suspect.

Tu réalises soudain avec effroi que le fait qu'il t'aies ramassé dans cette impasse et ramené chez lui n'était peut-être pas aussi innocent qu'il y paraît. Cette main a l'air de plus en plus osseuse. Ce visage de plus en plus menaçant. Et derrière cet air de sauveur, tu sens tes poils se hérisser, semblant vouloir te prévenir d'un danger. Ou peut-être est-ce juste ces vilains coups sur ton crâne et ton état qui te rendent trop nerveuse. Pourtant...
Masika
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Poetry of Fear... Empty Re: Poetry of Fear...

Mar 10 Mai - 17:02
Matin de gueule de bois, sauf que là, c’est tout mon corps qui souffre d’une douleur lancinante. Comme si j’étais passée sous un train. Et après tout pourquoi pas, puisque mon dernier souvenir est justement d’embarquer dans l’un de ceux-ci. J’essaie de bouger un peu, mais manque de laisser échapper un cri de douleur.

663-48

Tu t’appelles Ruby.

Le coup sur mon crâne a dû être sévère pour que ma propre identité mette autant de temps à remonter le flot de ma mémoire. Malgré la gentillesse de la voix qui s’adresse à moi, elle me gêne. Sa fréquence est comme un douloureux signal pour mes oreilles. Lorsque mes yeux arrivent enfin à s’ouvrir, le visage au-dessus de moi est amical. L’homme est âgé, et fait montre d’une bienveillance agréable à mon égard.

Alors pourquoi ai-je envie de le gifler ?

Je ferme à nouveau les yeux. Les pièces du puzzle de ma mémoire travaillent à nouveau. Cassandra Capelli. Et son ancêtre qui voulait que je retrouve sa descendance à Arkham, où elle suivait des études. Des études de quoi déjà ? putain, je me souviens plus.
J’ouvre les yeux, pendant que le vieux finit sa longue litanie qui met mes tympans au supplice. Décor de ville par la fenêtre, pas Boston. Je connais ma ville par cœur. Sûrement Arkham donc. Mon hôte finit par me proposer un café.

- Vous n'auriez pas une cigarette aussi ? Et merci pour ce que vous avez fait… pour moi.

Point sur la chambre. Le décor suranné, la vue sur la ville et le vieux bonhomme… Tout ça ressemble aux vieux films avec Humphrey Bogart dont raffole Priska.

Attends, c’est qui Humphrey machin? Et cette Priska ?

Douleur brutale dans le crâne sous l’effet de la dissonance. Je ferme à nouveau les yeux. Les rouvre puis essaie de me redresser en gémissant pour saisir la tasse de café que me tend le vieux bonhomme. Mon nez se plisse devant l’odeur acide qui m’assaille. J’ai déjà bu des cafés dégueulasses, mais celui a tout l’air de prochainement figurer dans mon top 3. Je serai pas fâchée de le renverser sur mes vêtements celui-là.

Oh wait…

...

Quels vêtements ?

Je suis dans ma tenue d’Eve, dans une chambre inconnue, sous le regard qui m’apparaît subitement plus scabreux qu’avenant d’un vieillard aux mains qui ressemblent à des serres.

Don't panic.

Calmes-toi ma fille.

Mon esprit cherche l’issue. Ces murs lacérés, comme… comme par une bête. Putain mais c’est quoi ici ?

Vision d’un visage angélique. Ethan.

Bordel, mais c’est pas le moment de me laisser distraire par des fantasmes à la con. Et depuis quand je crois au Prince charmant ?

Je tourne mon visage vers celui du vieux. Ne pas laisser apparaître que celui-ci me fait l’effet de quelque monstre issu de mes pires cauchemars. Ne pas laisser mon corps me gêner dans ce que je vais faire.

- Vous n’auriez pas du sucre ? J’ai du mal avec l’amertume du café, dis-je d'une voix angélique.

Qu’il se retourne pour en prendre ou qu’il se lève, le résultat sera le même, j’attrape la lampe avec la ferme intention de l’exploser sur le crâne du vieux bonhomme.
Faust
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Poetry of Fear... Empty Re: Poetry of Fear...

Jeu 12 Mai - 13:52
Le vieil homme sourit encore, un sourire que tu perçois maintenant comme celui d'un prédateur :
- Bien sûr, regardez vous en avez ic..., dit-il en se retournant pour aller prendre quelque chose dans table de chevet sur laquelle est posée la lampe. Tes muscles meurtris se bandent pour prendre la lourde lampe en bronze. Avec une vitesse surprenante vu ton état, tu te lèves d'un coup et la projette directement sur la tempe de ton "sauveur". Le cri du vieil homme est rauque et un peu étrange alors qu'il tombe au sol en se tenant le côté.

Maintenant !, hurles-tu intérieurement.

Sans prendre le temps de prendre un drap, tes jambes s'activent dans la douleur et tu cours vers la porte en bois sombre. Tu tournes la poignée en métal, mais contre toute attente (ou pas) elle refuse de s'ouvrir. Tu la tournes encore violemment plusieurs fois comme pour la décoincer, mais rien n'y fait. La porte est visiblement fermée à clé. Un frisson de terreur te parcourt l'échine tandis que tu entends un grognement rauque haineux derrière toi :
- ...Tu vas m'payer ça, bougre de pute ! VIENS ICI, SALOPE ! éructe-t--il en se relevant, tenant sa tempe poisseuse de sang sombre avec sa main squelettique. Il lève vers toi un visage totalement transformé par la haine, sa mâchoire barbue serrée assortie à une lueur meurtrière dans le regard tout en commençant à s'approcher de toi en titubant légèrement avec une vitalité dont son physique ne laissait rien présager.

Tournant la poignée comme une furie, tu sens une boule monter dans ton ventre, l'affolement commençant à te faire miroiter une fin en accord avec le sourire sadique qui est apparu sur le visage de ton ravisseur. Ton cœur tressaute et commence à s'emballer. Ton souffle court t'empêche de réfléchir.

La fenêtre...Non, tu y a vu des barreaux tout à l'heure. Ta seule porte de sortie est devant toi, et elle refuse de s'ouvrir !

Tu peux sentir ton sang pomper dans ta jugulaire et ton cœur accélérer au rythme de cette peur qui te colle à la peau tandis que tu secoues la porte comme si elle allait s'ouvrir sous les coups de ta volonté. Jetant alternativement des regards entre la porte et le vieux pervers, tu sens un jet d'adrénaline monter dans tout ton corps dans un tremblement. Sans réfléchir, tu prends autant d'élan que tu le peux et te jette violemment, épaule en avant, sur cet obstacle entre toi et ta liberté.

Craquements. L'un vient de ton épaule, l'autre de la porte, qui cède alors que le vieil homme se jette sur toi. D'instinct tu hurles et pousses pour te ruer dehors, lui jetant un coup de pied qui le repousse et le fait tomber encore une fois alors que tu tombes sur un escalier crasseux qui remonte. Tu souffles sur la poussière et la crasse de la marche, voyant une seconde des traces de sang incrustées. Pas le temps. Tu te relèves en tremblant. Tes jambes flageolent une seconde mais tu te relèves en trébuchant, courant dans l'obscurité. Tu entends les hurlements du vieux taré :
- REVIENSSS CONNASSE ! REVIENS OU J'TE CREVE !

Arrivant en haut en trébuchant plusieurs fois, tu découvres une autre porte. Tu entends les craquements juste derrière toi. Affolée, tu tournes la poignée. Ouverte ! Tu ouvres en poussant la porte trop fort, puis la renvoie violemment sur ton agresseur, qui par un timing miraculeux lui atterrit directement dans la tête, lui faisant dévaler l'escalier dans un cri d'une rage horrible.

A bout de souffle, tu suis un couloir, et repères rapidement ce qui te semble être un petit hall et une porte d'entrée dans une maison aux airs tout à fait banals d'une personne âgée. Tu glisses sur le parquet mais ne t'arrêtes que lorsque ta présence d'esprit te fait prendre un vieux plaid usé et courir ensuite jusqu'à la porte en priant. Effet d'un hasard étrange ou miracle, la poignée se tourne et tu sors et te retrouves sous une pluie battante, manquant de trébucher sur le perron d'une rue anonyme d'un quartier de cette ville qui l'est tout autant.

Alors que tu retrouves tes esprits, tu t'aperçois que tu es trempée, et que tu n'es plus dans la même rue, tu en es sûre. Combien de temps as-tu marché ? Tu notes que tes pieds sont en sang. Ton épaule est déboitée.

Tu as l'air d'être dans les hauteurs de la ville. En contrebas vers ta droite, tu aperçois une Église. Un peu plus loin sur ta gauche, tu peux apercevoir une place et ce qui semble être un quartier résidentiel. Un souvenir te revient. L'Université. Ce doit être la place du Campus.

La pluie commence à te glacer les os tandis que la nuit commence à tomber au travers des nuages noirs et menaçants d'un orage qui vient droit vers toi. Il te faut un abri au plus vite avant que tu ne tombes dans les pommes, ou que ton ravisseur finisse par te retrouver. Ou pire, vu l'étrange sensation poisseuse qui englue ton esprit engourdi par la frayeur et te rend visiblement un peu paranoïaque...
Masika
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Poetry of Fear... Empty Re: Poetry of Fear...

Lun 13 Juin - 14:11
La pluie ruisselle sur mes cheveux plaqués contre mon visage et le froid semble s'insinuer vicieusement dans mes os. Ma nudité couverte par le seul plaid à présent détrempé, je frissonne.

*Reprends tes esprits ma fille !*

- Et comment je fais, putain, alors que j’étais aux mains d’un maniaque pervers ?!!! Me dis-je à haute voix. Et puis c’est quoi cette ville où il flotte tout le temps !!

Je m’astreins à respirer à plein poumons plusieurs fois pour retrouver mon calme, sous le porche d’un maison qui semble inhabitée à cet instant. Une voiture grimpe tranquillement la rue pentue, et je m’accroupis pour me dissimuler à son conducteur. Une chose est certaine, je ne peux rester dans l’indécision. Sans compter que le prédateur doit toujours être à mes trousses.

* Comment un vieux bonhomme comme cela peut avoir pareille vigueur ?* Je frissonne à nouveau rien qu’à l’évocation du visage hideux de cet homme.

Le campus, c’est la clé. C’est là que je vais retrouver Priska. Mon front se plisse. Cassandra Capelli ! C’est elle que je dois retrouver.

Je me mets en mouvement, en grimaçant sous la douleur lancinante de mon épaule, et les multiples contusions sur mes pieds. Je fais le tour du jardin de la maison pour passer derrière, tout en essayant de me montrer discrète. Par chance, la porte arrière est munie d’une fenêtre, que je brise de ma main valide protégé par le plaid. Le bruit me fait sursauter, mais un coup de tonnerre tout proche vient miraculeusement dissimulé mon vacarme. Je m’introduis en catimini dans la maison, comme une voleuse.

Le mobilier en est simple, dénué de tout artifice. Sur mes gardes, je ne tarde pas réaliser que je suis seule, comme espéré. J’emprunte l’escalier qui mène à l’étage, victime d’un flash où les marches ensanglantées de la cave de mon kidnappeur se superposent à celle de la maison. Je dois m’accrocher à la rambarde pour ne pas vaciller, achevant péniblement la montée. Je fouille les chambres, alors qu’au dehors la pluie redouble d’intensité. J’ai encore de la chance, une femme habite ici, et je peux piocher dans ses vêtements pour me couvrir. Je fais un arrêt dans la salle de bain. Le visage que je vois me fait de la peine: cheveux en désordre, des bleus le marquent sur les joues et au menton.

Mais plus étrange, ce visage ne m’est pas familier. Ma mémoire me joue-t-elle encore des tours ?

* Arrêtes de gagner du temps, il faut le faire maintenant…*

Oui, il faut le faire. Je regarde longuement la porte de la salle de bain ouverte, et brusquement j’envoie mon épaule démise la percuter pour la remettre en place.

Hurlement de douleur suivis de longs gémissements où je me tiens l’épaule. Je sens mon cœur battre la chamade, pulser à mes oreilles. Sensation d’une drogue qui courre dans mes veines comme un analgésique bienvenu. La douleur s’éclipse. Je touche mon épaule qui semble s’être remise miraculeusement. J’essuie les larmes qui avaient envahis mes yeux et me redresse. L’impression que mon corps se remet de lui-même, comme par magie.

Je finis de m’habiller en empruntant les vêtements de l’habitante des lieux, victime d’un brin de culpabilité à son égard. Pourtant, en tant que détective privée, j’ai sûrement fait bien pire. J’emprunte l’un des parapluies que j’ai vu en entrant dans la maison et fini par ressortir de la maison. Je me cache de suite sous le parapluie, tant pour éviter la pluie que pour laisser croire à un éventuel voisinage trop curieux que la propriétaire des lieux sort de chez elle malgré le temps détestable.

Mon regard semblable à celui d’une bête traquée va de droite et de gauche, avec la crainte de voir à tout instant le vieil homme aux serres. Pourtant, déjà mon esprit cherche à rationaliser l’irrationnel. Ce n’était qu’un vieux pervers, et c’est ma propre faiblesse qui m'a donné cette sensation de force de son côté. Ses hurlements vindicatifs résonnent pourtant encore douloureusement à mes tympans.

Le pas pressé, je me dirige vers la place du campus. Mon trajet est assailli de pensées sur l’incohérence des évènements. Comment suis-je arrivé dans la chambre de ce prédateur? Pourquoi certaines de mes pensées semblent déconnectées de qui je suis ? Ou de qui je suis sensé être ? J’ai parfois la sensation d’être le personnage d’un roman écrit par quelque esprit tordu.

La place est évidemment déserte, mais est-ce vraiment étonnant avec ce temps? Je n’ai croisé personne pour venir jusqu’ici de toute façon. Les bâtiments ressemblent à de vastes créations gothiques, dont les gargouilles hideuses me regardent d’un air de défi. Qui est l’architecte de cette ville? J’aurais deux, trois choses à lui dire sur le bon vivre en environnement urbain. Le plus grand d’entre eux, qui s’ouvre sur une arche immense qui ressemble à une saignée dans les briques rouges du mur, laisse échapper une lumière verdâtre à travers ses fenêtres aux vitres teintées. En désespoir de cause, j’en prends la direction.

Le hall est aussi vaste que le laisse penser son entrée gargantuesque. Au moins y-a-t-il un peu de vie ici. Des étudiants sont assemblées autour de tables, et les murs sont tapissés d’étagères remplies de livres, dont certains ne sont accessibles que par des échelles disposées ça et là. Sur la droite, un long comptoir en bois précieux, derrière laquelle est retranchée une vieille femme aux traits ridées et au chignon fané. Je m’approche en essayant de me redonner une consistance.

- Bonjour Madame, je suis la cousine de Cassandra. Je suis de passage en ville et j’aimerai lui faire la surprise de ma présence, dis-je avec un sourire le plus innocent possible. Elle n’est pas au courant de ma venue. Sauriez-vous me dire où je puis la trouver, ou à qui devrais-je m’adresser pour cela ? Désolé, je viens d’arriver, et avec ce temps, je ne sais pas trop à qui m’adresser.

Je n’ai guère d’espoir que le nom Capelli soit celui que Cassandra ait choisi d’emprunter pour ses études. Aussi, je tente le bluff et, avec un peu d’espoir, il n’y aura pas tant de Cassandra que ça sur le campus.
Faust
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Poetry of Fear... Empty Re: Poetry of Fear...

Mar 21 Juin - 14:54
Vêtue d'une robe en crêpe de soie rouge- bordeau longue très moderne et Parisienne assortie d'un chapeau blanc muni d'un ruban à nœud de la même teinte que la robe et d'un manteau à fourrure blanche, il ne te manquerait plus qu'un long collier de perles pour passer pour une de ces avant-gardistes outrancières et rebelles qui s’enivrent en dansant sur du Charleston.

La vieille femme au chignon aussi dégoulinant et usé que son visage t'observe de pied en cape avec un regard que tu connais bien : celui du jugement hautain des blancs. Celui que tu as passé ta vie à tenter d'ignorer, puis que tu as combattu de toutes tes forces jusqu'à passer pour une folle hystérique. Celui qui te met hors de toi. Mais tu restes de marbre devant ses yeux bleus délavés qui te scrutent comme si tu étais une barbare arriérée et stupide :
- Bonjour...Je suis Mme Chadwick, l'intendante de cette partie de l'établissement. Auriez-vous le nom de famille de votre amie ? Votre cousine, vous dites...Mmmm, vraiment ? Dit-elle d'une voix hautaine et stricte tout en observant distraitement les registres : Je ne pense pas que nous ayons quelqu'un qui puisse correspondre à ....

Coup de tonnerre au dehors, qui semble faire réaliser à cette vieille pie l'aspect très injurieux de son approche, elle baisse le regard vers son registre pour se donner une contenance avant de te jeter à nouveau un regard en soulevant un sourcil finement dessiné :
- Oh. Oui, bien sûr. Je pense voir de qui vous parlez. Cassandra Smith. La...Ahem. Oui. La jeune étudiante en Art. Mais je...Elle t'observe encore une fois, comme si quelque chose n'allait pas. Et évidemment quelque chose ne va pas. Tu es noire.

Malgré tout par un miracle qui compense un peu ton manque de chance des dernières heures, elle cligne des yeux, deux fois, puis un sourire apparaît sur ses lèvres :
- Bien sûr. Cassandra et la classe d'Art du Professeur Rosen sont en sortie au théâtre ce soir......annonce-t-elle d'un air qui semble contrarier ses rides, alors qu'elle continue d'un air pincé : ...Ce soi-disant chef d'oeuvre...Vous savez, tout le monde en parle en ce moment.Elle marque une pause étrange en te fixant au travers de ses lunettes : Le Roi en Jaune.... Elle marque encore une pause, puis reprend sur le ton de la confidence : ...De ce que j'en ai entendu dire, appeler ce fatras d’inepties une pièce de théâtre est du domaine de l'hubris, si vous voulez mon avis. Et de toute manière ce n'est pas une "œuvre" convenable que des jeunes filles comme il faut devraient aller voir avec un Professeur la nuit...

Encore une fois elle cligne des yeux, et finit par t'annoncer :
- Je suis sincèrement navrée de ne pouvoir faire plus. Vous pouvez peut-être tenter de la retrouver au Théâtre. Il est à quelques rues plus au Nord, en remontant le Pont. Vous ne pourrez pas le rater, c'est un grand bâtiment en marbre accompagné de colonnes et de deux statues de Lions...Mais avec cette pluie, je ne peut que vous conseiller de rester ici et de l'attendre bien au sec. D'autant que les rues ne sont plus sûres à cette heure pour une jeune femme de votre...Condition...

Tandis qu'elle continue de cancaner, une étrange sensation t'envahit à travers l'écho de la pluie sur les vitres et des éclairs tonnants. Un malaise. Est-ce cette femme raciste, ou les étudiants des tables alentours ? Ton échine à un frisson, comme celui que l'on pourrait avoir en sentant la présence d'un fantôme. Quelque chose dans cette salle...T'appelle ? La bibliothèque. L'impression que quelqu'un appelle ton nom. Sis...Ruby....Rubyyyyyy.......

En te concentrant, tu penses que cette petite voix qui te glace le sang mais qui t'es étrangement familière vient de quelque part à l'étage dont tu vois les deux escaliers qui y mènent. Sûrement le reste de cette gargantuesque bibliothèque. Est-ce une hallucination ou as-tu vraiment entendu cette voix ?

Une autre voix, plus âgée et tendue comme une corde de violon, te sort de ta transe :
- Puis-je faire autre chose pour vous...Mademoiselle...?, finit-elle, s'attendant probablement à ce que tu commences à respecter la plus élémentaires des politesses en te présentant à elle.
Masika
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Poetry of Fear... Empty Re: Poetry of Fear...

Jeu 30 Juin - 18:52
- Non… non ça ira, merci... dis-je d’une voix distraite et étrangement assourdie. J'ignore l’air outré de Madame Chadwick. Au moins aurait-elle ainsi le goût de ce que nous ressentons chaque jour devant la condescendance des blancs à notre égard.

Je fais quelques pas de côté, tandis que mes yeux se plissent pour considérer l’étage de la bibliothèque, la tête légèrement penchée comme pour mieux entendre une voix qui ne peut-être que le fruit de mon imagination.Comme hypnotisée, je fais quelques pas en direction des escaliers, sans prêter attention aux regards des étudiants qui se lèvent sur mon passage.

Le théâtre, voilà où je devrais me rendre. Mais comme un papillon attiré par la lumière sur laquelle il va se brûler les ailes, je fais quelques pas de plus en direction des marches.

Icare en action.

Le claquement de mes talons résonne dans la hauteur absolue du hall. Je me fais la réflexion que cette hauteur est tout simplement impossible avec l’architecture vue de l’extérieur, mais ce détail incongru est comme étouffé par mon inconscient. Je monte sans même me rendre compte les marches une à une dans un silence mortuaire. On n’entend pas une page tournée. Est-ce une réalité parallèle ? Tout ceci n’a aucune logique, aucun sens.
             
Pourtant pas une fois je ne tourne la tête vers les étudiants en bas tandis je monte les marches inlassablement, la main sur la rampe de marbre blanc. L’ascension paraît sans fin et pourtant, subitement, j’y suis: la dernière marche.
Je secoue la tête, comme sortie d’une transe et un peu essoufflée.
     
Enfin je regarde vers le bas, mais les distances me semblent à présent normales. Même Madame Chadwick est retournée à ses affaires comme si je n’existais pas. Ou plus. Devant moi, de nouvelles rangées d’étagères, dont les plus hautes ne sont accessibles qu’avec une échelle. Les couloirs qu’elles forment sont plongés dans la pénombre, et aucun étudiant n’y fait de recherches.

Je franchis la dernière marche, et dis d’une voix faible :

- Il y a quelqu’un ?

Je me fais l’impression d’une gourde avec cette platitude, mais à vrai dire cette impression s’évapore devant la peur qui grimpe insidieusement le long de mon échine.

Dans un éclair de lucidité, je vais pour me détourner et quitter cet endroit lugubre, je dois me rendre au théâtre.
Faust
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Poetry of Fear... Empty Re: Poetry of Fear...

Lun 4 Juil - 19:51
Alors que tu te retournes, bien décidée à laisser cette ambiance lugubre et cette bibliothèque vide derrière toi avec l'impression d'avoir rêvé ce chuchotis, un autre susurrement bien plus proche cette fois manque de te faire basculer de la balustrade.
- Tssssssssp...Yesis Senob ! Rapici !...
Tes tripes se retournent et tes poils se hérissent, comme si quelque chose de contre-nature venait de te parler dans une langue que tu as l'impression de saisir sans en comprendre réellement le sens. Mais il y a un sens, tu en es persuadée.

Malgré les superstitions vaudou qui remontent à ton esprit, tu décides de prendre ton courage à deux mains et tu te retournes pour scruter les ombres menaçantes des rayonnages d'où provient cette voix d'outre-tombe. Rien...Soudain, ton sang ne fait qu'un tour. Tu viens d'entrevoir un reflet dans les ténèbres. L'oeil d'un chat...Ou quelque chose de bien plus sombre...Ton instinct te hurle de fuir. Mais quelque chose t'en empêche. Hypnotisée, tu ne peux que t'approcher de la source de cette voix :
- Yesis Senob...tsec oit ?

Les jambes flageolantes, tu t'approches encore, tel un papillon attiré par une flamme noire. Ton sang se glace soudain lorsque tu aperçois alors fugacement de nouveau un flash scintillant. Des lunettes. Bon sang...Il ne s'agit que du reflet de lunettes de vues. Ton regard finit par percer l'ombre et tu peux maintenant distinguer une tête entre les livres. Un visage qui semble t'épier, tapis dans l'ombre. Des yeux noirs en amande. Un visage ovale asiatique qui se découpe dans les rayonnages...Puis disparait aussitôt... Pour reparaitre au bout de la rangée. Sa coiffure au carré est penchée comme l'ombre chinoise de deux ailes de corbeaux :
- Tssssssppppppp, Rapal !

Mettant la frayeur que t'inspire cette silhouette de côté, tu t'avances courageusement à pas feutrés vers elle. Un mélange de peur et de curiosité amène tes pas à quelques dizaines de centimètres de ce qui ressemble finalement à ce qui pourrait être une banale étudiante sans ce regard très étrange. Mobile, intense et frôlant avec la folie. Tu as déjà vu ça pendant la guerre chez des soldats traumatisés par ce qu'ils avaient vu. Pourtant cette fille te fout toujours la frousse, même si tu ne saurais pas dire pourquoi. C'est alors que ton cœur manque un battement alors qu'elle te saisit par le manteau d'un air légèrement hystérique contrastant avec cette voix chuintante à peine audible :
- regnad evarg nu seruoc tu, sneiv !

Tu fronces les sourcils, essayant de comprendre ces borborygmes. Tu vois bien qu'elle cherche à te dire quelque chose, mais tout ça sonne comme une litanie satanique...Comme les enregistrements à l'envers de....Hein ?...A l'envers...Bien sûr ! Du Backmasking ! Tu te concentres sur le flot de parole de l'asiate, et tout à coup les paroles deviennent claires :
- Hey, Sisey, tu comprends ce que je dis ? C'est Shub, tu te souviens ? En parlant à l'envers il ne peut pas nous entendre ni rentrer dans nos....Oh, non, il t'a retrouvé...

Elle jette un regard totalement affolé derrière toi. Ton cœur semble vouloir sortir de ta poitrine. De quoi parle-t-elle ?!  Tu te retournes d'un seul coup pour affronter la menace indicible...Mais rien. Juste des rayonnages et une bibliothèque dans la pénombre...Pourtant...Est-ce que tu viens de voir passer une ombre plus sombre que les autres, ou est-ce juste ton imagination ?

Te retournant à nouveau tu peux voir la peur déformer le visage de la jeune asiatique aux airs de sainte-ni-touche. Elle te tire vivement par la main :
- Viens...Bouges, vite, il faut pas qu'on reste là, Sisey, il faut qu'on te l'enlève...

Sisey. Yesis...Étrangement ces lettres dites à l'envers te mettent les idées à l'endroit. Tu n'es pas Ruby. Tu es yesiS senoB...Oui, ça y est. Dans les limbes aux limites de ta conscience, quelque chose tente de se libérer. Ainsi qu'une terreur sourde. Quelque chose s'est immiscé dans ta tête. Quelque chose qui est toujours là, et qui creuse lentement dans ton cerveau.

Sans que tu t'en aperçoives, la mystérieuse et agitée étudiante t'a conduit dans une sorte de cagibi, et claque la porte derrière elle. Tu la distingues mieux à présent :
Poetry of Fear... A8414210

Elle reprend, toujours en langue à l'envers : Il est partout. Mais il n'est nulle part. Alors je me cache des monstres....Ton amie...Elle est partie à sa recherche. Ils disent qu'elle est là. Ou qu'elle a disparu. L'histoire change tout le temps. C'est elle qui fait ça. Ou toi..., Elle se tait soudain, comme si ses pensées redevenaient cohérente : Tu dois l'enlever Sisey...Tu dois l'enlever tout de suite sinon il va nous retrouver...Et il nous fera souffrir au point qu'on regrettera de pas être mortes, ou folles....

Tu remarques bien sûr qu'elle tient un tome jaune nommé "Le Roi en Jaune", mais elle sort un autre livre de la pile, qui lui contient des textes dans une langue ancienne que tu ne comprends pas :
- Assieds toi. Concentres toi. Je vais réciter la formule. On a plus beaucoup de temps. Trouves la force. Trouves la en toi. Tu dois le sortir de ton cerveau. Tu dois l'enlever, maintenant. Trouves quelque chose d'agréable, de la joie...Sinon on est mortes toutes les deux...

Elle s'assoit rapidement en tailleur devant l'ouvrage, et commence à chantonner dans une langue mystique et sombre, comme une oraison funèbre.

Peu à peu, tu sens quelque chose bouger. Quelque chose en toi. Quelque chose dans ton esprit. Dans ton âme. Et quelque chose qui bouge dans ton cerveau...Comme des tentacules...
Masika
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Ven 22 Juil - 17:30
Descendre, tourner le dos à ces ténèbres terrifiantes et sortir de cette université qui n’en est pas une est la réaction primitive de mon cerveau reptilien. Pourtant je reste figée, prisonnière d’un besoin de savoir irrésistible. Je sursaute quand la voix s’adresse à nouveau à moi, et que je réalise qu’il ne s’agit pas d’une hallucination. J’aimerai demander qui est là, mais les mots restent coincés dans ma gorge nouée. Je manque de défaillir à plusieurs reprises devant ces yeux qui semblent me fixer, mais continue à avancer vers la source, comme une somnambule.

Je devrais être soulagée de ne me retrouver finalement « que » nez à nez avec une jeune étudiante, mais son regard traumatisé continue de me mettre la chair de poule. Je vais pour lui demander qui est-elle, avant qu’elle ne me saisisse par le manteau pour me secouer, comme si elle cherchait à me réveiller. C’est ce court moment qui finit par me faire comprendre le mode d’expression utilisé par cette jeune asiatique. Suis-je bête ! Du backmasking, comme sur le Revolution 9 des Beatles, du moins c’est ce que dit la légende. Pause. Je n’ai aucun souvenir de ce groupe de musique, jamais entendu parler. Je n’ai pas le temps de tergiverser plus longtemps, puisque l’étudiante se remet à me parler, mais cette fois-ci je parviens à comprendre le sens des mots.

Ses mots tout autant que son air affolé me transmettent sa peur, et je me retourne vers les ténèbres, sans rien voir de spécial, ou bien…

- Attends, attends, de qui parles-tu ?

Elle ne prend pas le temps de me répondre et m’entraîne à sa suite, mais sa façon de m’appeler débloque mon esprit tout autant qu’il laisses mes jambes suivre cette curieuse jeune fille.

*Je ne suis pas Ruby… Non, je suis…*

Toute proche de répondre à cette question, je ressens une intrusion aux frontières de mon esprit. Un viol de ma conscience. Je frissonne de terreur cette fois-ci et lève toutes mes barrières mentales pour mettre un terme à cette invasion. En vain.

Lorsque je refais surface avec la réalité (vraiment ?), Shub, puisque c’est ainsi qu’elle s’est présentée, m’a amené dans une sorte de cagibi, qui semble la rassurer un tout petit peu. La suite de ses paroles prend par contre une tournure cryptique : de qui parle-t-elle quand elle évoque mon amie ? Cassandra ? Et cette menace qu’elle semble tant redouter ?

- Mais de qui parles-tu ?
- Du Roi en jaune, évidemment, murmure-t-elle comme si le livre qu’elle tient contre elle devait suffire à m’éclairer.

A nouveau, je sens cette chose étrangère s’enfoncer plus avant dans les secrets de mon esprit. Shub saisit un autre livre tout en me parlant, mais ses mots me semblent lointain tandis que je tente de résister de toutes mes forces spirituelles à l’assaut qui se déroule dans ma tête.




Il s’agit d’un monde vif, plein de couleurs et le chant des oiseaux résonne dans un ciel bleu où les nuages flottent paisiblement. Une cascade tombe des hauteurs d’une falaise d’albâtre pour s’écraser dans les hauts d’un lac aux eaux pures et cristallines. Les arbres sont d’un vert émeraude, et leur tronc ont une écorce d’un brun profond. L’herbe est douce et un vent léger porte un arôme léger de cannelle et de chocolat.

Assise au cœur de mon sanctuaire, je ne suis qu’énergie positive , un vortex aux tentations multiples, aux envies infinies et tout autour de moi paraît se vivifier tandis que ma nature même entraîne mon sanctuaire à se développer, à croître en de nouvelles formes et expériences.

Et puis, il est là. Debout aux abords de la falaise qui entoure mon sanctuaire comme une sorte de cénote. Tout de jaune vêtu, il reste immobile un instant qui pourrait être une éternité. Ce sont d’abord les eaux de la cascade qui commencent à se tarir, puis le lac à s’assécher. Ensuite la nature commence à flétrir, à se dessécher, ne laissant des arbres que des troncs calcinés comme sous l’effet d’un incendie et de la terre une lande dénuée de tout végétation. Comme une vague inarrêtable, venant de toute part, la flétrissure m’encercle.

- Nagh fatghn puiiillh Sisey Bones.

La voix est stridente et aigüe jusqu’à mettre au supplice mon ouïe, me faire perdre la raison. La flétrissure commence à présent à figer mon vortex énergétique, à le faire mourir, proche de dissoudre tout ce que je suis, et à dévorer mon essence même, jusqu’à ne plus laisser qu’une étincelle.


*Trouves quelque chose d'agréable, de la joie*




Les mots semblent lointains, mais un sourire vient briser les ténèbres qui s’abattent. Un visage doux, celui d’un ange. D’un Prince.

Ethan. Il me sourit. Il m’appelle et me tend la main. Je la saisis et il me tire vers la lumière, un océan de lumière qui chasse les ténèbres. Il m’attire à lui et j’unis ses lèvres aux miennes. Sans un mot, il se détache de notre union avec ce sourire qui sait me transporter de joie. Il fait quelques pas, son bras entourant ma taille. Nous approchons d’une fenêtre de ce palais de lumière et il invite mon regard vers celle-ci de sa main libre.

Là, dans l’herbe verte, près d’une cascade, jouent deux enfants. Ils ont ma peau caramel et le regard féérique de leur père qui se tient près de moi. Les larmes de joie inondent mon visage
.


Nue, recroquevillée sur moi-même, je suis quasiment entièrement recouverte de la boue destructrice du Roi en jaune. Mais une petite lueur d’amour palpite encore dans mon cœur. Je me redresse luttant contre la tenaille de la flétrissure. Mais une force nouvelle, une énergie pleine et dynamique m’anime. Lentement, mon corps s’élève au-dessus du sol tandis que mes bras se dressent en croix et ma tête se rejette en arrière.  La lueur devient flamme multicolore vierge de tout souillure. Des rayons de vie partent en tous sens de mon cœur.  Partout où ils s’étendent, l’herbe repousse instantanément les arbres reprennent vie, les ténèbres du ciel se craquellent pour laisser le bleu apparaître et l’eau recommence à couler à flot.  

Les rayons atteignent enfin le Roi en jaune et le désintègrent dans un cri silencieux. Puis, il n’est plus là. Sa présence éradiquée de mon esprit.




J’ouvre les yeux et regarde Shub.

- Il est parti, Shub, dis-je avec un rire éclatant. Et je suis de retour.

Le monde autour de nous commence lui aussi à se craqueler et se fissurer, mais mon sourire pur et éclatant illumine mon visage, rayonnant d’une confiance qui vainc la terreur et la peur. Le voile se fissure tandis qu’une énergie pure et créative remplace les murs sombres par le décor d’un parc à la végétation foisonnante et aux couleurs éclatantes.
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Mer 31 Aoû - 5:04
L'épiphanie semble continuer tandis que tu annonces à la Changeling la fin de ta schizophrénie et de l'emprise du Roi Jaune sur ton esprit, alors que le Parc enchanté que tu viens de créer sans comprendre comment écarte encore la réalité imposée par cet univers Umbral. Tout ça défie complètement les Lois de ce genre de "Royaumes" où le Seigneur de l'endroit (généralement son créateur) y est presque tout puissant. Du peu de savoir théorique que tu as sur le sujet, tout cela te semble totalement surréaliste. Mais même s'il y a sûrement une explication à ce phénomène, c'est pour l'instant la réaction de Shub qui accapare ton attention.

Après qu'un rire presque aussi cristallin que le tiens se soit tiré de sa gorge, son apparence change pour une version...Améliorée de celle que tu as vu à l’Hôpital. Une jeune fille aux pâles traits asiatiques entourés d'une longue chevelure noire et habillée comme une écolière commence à faire la Roue au milieu de ce parc dont la forme devient de plus en plus enchanteresse. Des arbres luxuriants commencent à pousser à perte de vue aux abords de la clairière herbeuse que vous parcourez maintenant du regard. Au milieu de la clairière un grand chêne, des balançoires rouges, une construction de ponts, de tunnels, de trampolines et de toboggans multicolores apparaissent. A ta droite en suivant un chemin boisé tu aperçois un grand lac et une sorte de pagode aux piliers rouge flottant en son milieu, reliée à la terre par des ponts japonais. A ta gauche en suivant un autre sentier il te semble y voir un pont aux pierres brutes taillées et tu entends le bruit d'une rivière. Et devant toi un sentier se créer sous tes yeux, t'offrant la vision d'une sorte de Palais des milles et une nuit immaculé et doré aux coupoles arrondies.

Shub ne s'est pas arrêtée de faire la roue en chantant comme si sa vie en dépendait. Elle finit par te crier à quelques mètres de la structure de toboggans qui te rappelle vaguement celle de l'intérieur d'Iris, la Dryade et arbre de tes amis féériques :  
- HEY ! ECOUTES CA !....HEYYYYYYYY OHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH ! JE PEEEUUUUXXXXXXXXXXXX CRIERRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR !!!!!! AHAHAHAHAHAHAHAHAHAHHAHAHAH !....COMMENT TU FAIS CA, SISEY !?....C'EST MERVEILLEUX !!!!! MERCIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!!! Finit-elle dans des échos qui s'emportent l'un l'autre jusqu'à ce qui semble être le bout du monde.

Elle finit par s'approcher de toi au bout d'un moment en courant, l'air affolé :
- Il faut qu'on récupère ton amie et le vieux Tobby !Dit-elle d'une voix qui effectivement à un timbre et une portée que n'avait pas celle de la timide Shub. Ou était-ce autre chose que de la timidité ?
Elle répond finalement à ta question sans que tu lui demande en gloussant, expression que tu ne lui supposais pas possible avant de le voir maintenant :
- C'est vraiment merveilleux. Merci. On dirait qu'ici je suis libérée de la malédiction de mon Kith...Comme si....Comme si je voyais pour la première fois le monde joyeux dont tout le monde me parle tout le temps. Celui où je pensais ne pas avoir ma place...Ta Magie est vraiment...Magique, Sisey Bones..., dit-elle en s'émerveillant du paysage. Elle s'arrête sur la structure de ponts et de toboggans :
- Tiens c'est marrant, on dirait un peu ceux de chez nous...Oh...Je vois, dit-elle en t'observant comme une écolière appliquée avec un clin d'oeil complice : C'est toi qui a imaginé tout ça ? Toute seule ?...Tu dois vraiment être une Sorcière extraordinaire parmi les tiens. Regardes, on dirait le jardin du Thé, le Palais des Fleurs et le Pont des Trolls du Jardin des Irlandais...Ca ressemble au Parc du Pont doré, mais pas exactement. Tu es très puissante, Mage Sisey...Dit-elle en se courbant devant toi tel un vassal d'un autre temps.

Son regard noir se relève, un peu inquiète :
- Maintenant que tu as chassé le Roi en Jaune et transformé son Royaume, comment va-t-on retrouver nos amis ?

Malgré l'orgueil que pourrait entraîner tous ces compliments de la part de la jeune fée, tu es bien incapable de dire comment tout cela vient de se faire, et encore moins comment le contrôler, si c'est bien toi qui en est à l'origine. Pas plus que tu ne sais comment récupérer Priska et le vieux Tobby dans ce dédale imaginaire. Ni d'ailleurs en fait comment tout cela est possible sans que le propriétaire de cet univers de poche ne t'ai pas encore sauté dessus en constatant les petits "aménagements" auxquels tu viens de procéder.

Peut-être faut-il s'attendre à un retour de bâton. Mais l'urgence pour le moment est de retrouver Priska. Et Tobby, bien sûr.

Observant le décor autour de toi, tu te demandes jusqu'où la "réalité" de l'endroit a changé, et si un de ces chemins pourrait vous amener jusqu'à vos amis. Mais si tout ceci n'était finalement qu'un piège tendu par le Roi en Jaune ? Ou si ce qui t'a permis de créer cet endroit était le réel ennemi ?

Tu constates avec une pointe de tristesse que la paranoïa ambiante de l'ancien univers ne t'as pas encore tout à fait quittée. Pourtant, en regardant la végétation continuer de pousser encore et encore et la vie de prendre sa place dans ce ciel azuré, tu ne peux t'empêcher de sourire d'admiration. Tout ceci est tellement beau que tu en pleurerais presque.

La question demeure maintenant...Que vas-tu faire ?
Masika
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Lun 13 Fév - 1:22
L’euphorie créatrice se prolonge même en dehors de ma conscience, imposant à l’univers Umbral du Roi en jaune mes propres envies et fantasmes. Toute à mon émerveillement, je regarde Shub s’ébattre avec le sourire aux lèvres, profitant simplement de cet instant délicieux après l’atmosphère oppressante qui a précédé tout cela. Mon étrange compagne Fée semble elle aussi s’être libérée d’une forme de fardeau, mais elle garde la lucidité de me rappeler ce pourquoi nous sommes ici : Priska et Toby.

Mon émerveillement cède peu à peu à l’inquiétude pour Priska, et dans le même temps, l’atmosphère sombre du cauchemar du Maraudeur reprend son emprise. Ma Magye ne pourra pas repousser indéfiniment celle du créateur de ce monde astral.

- Viens, dis-je à Shub, en la prenant par la main à ma suite.

Je ressors du campus florissant, sans un regard en arrière.

- Tu sais où se trouve le théâtre ?

Un peu étonnée et intriguée, Shub me répond d’un geste vague de sa main libre.

- Par là-bas je crois, mais je n’y suis jamais allé.
- Ca va être l’occasion….


Nous nous déplaçons tandis qu’une brume toute londonienne s’étend peu à peu dans les ruelles sinistres. Nos pas nous mènent finalement à une antique station de tramway, où un wagon aux couleurs vert et or patiente. So conducteur, un grand escogriffe à la moustache tombante nous regarde du même air morne que la vieille carne qui tracte le tram.

- Vous passez par le théâtre? dis-je de la manière la plus affable dont je sois capable à cet instant.

Le conducteur hoche lentement la tête puis ajoute, laconique :

- Deuxième arrêt.

Shub m’accroche la manche d’un air inquiète :

- No tairid un eibmoz, àç em tid neir ud tuot.

J’hausse les épaules et chuchote : « C’est pas comme si nous avions vraiment le choix ». A peine montées, et le large Percheron s’ébroue et avance de son pas lourd tandis que la brume s’épaissit un peu plus. Le trajet me paraît sans fin, en dehors d’une vieille femme qui monte au premier arrêt. Malgré mes craintes partagées avec Shub, nous arrivons finalement à l’arrêt du théâtre et descendons prestement du wagon, abandonnant le conducteur et la vieille femme à leur trajet mélancolique.

Ici, la brume se fait moins dense, et l’édifice d’albâtre du théâtre nous écrase de sa hauteur vertigineuse. Les gargouilles sur le toit nous toisent d’un air inquisiteur et venimeux qui me font frissonner. Les marches qui  conduisent à l’entrée sont désertes, et un silence mortuaire pèse sur cet endroit. Pourtant, entre les piliers majestueux, une lueur jaunâtre malsaine indique clairement qu’une représentation est en cours. Mue par une impulsion soudaine, je dis à Shub à voix basse.

- Suis-moi !

Je contourne le monument à pas de loup, jusqu’à trouver ce que je cherche : l’entrée des artistes. Etonnamment, la porte est ouverte, et personne ne semble en surveiller l’accès. Une lueur jaune blafarde s’en échappe quand j’ouvre la porte, mais le couloir est désert. D’ici, on peut entendre les exclamations des comédiens sur scène. Un bon point, il s’agit bien d’un théâtre et non d’une nécropole comme on aurait pu le craindre.

- Viens, dis-je à Shub avec courage. Essayons de trouver les échafaudages à l’arrière de la scène, nous y aurons sûrement une meilleure vue.

A pas discrets, j’essaie de nous guider dans les méandres des coulisses du théâtre.
Faust
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Mar 2 Mai - 15:00
Alors que tu franchis à pas de loup le seuil de la lourde porte en bois gravée qui indiquait l'entrée des artistes et que tu refermes derrière vous, tes poils se hérissent comme si le couloir était chargé d'électricité statique. Mais la chair de poule involontaire qui s'en suit te fait comprendre que ce n'est pas un simple phénomène lié au décor de ce monde obscur créé par un esprit malade. Non, quelque chose se passe ici. Quelque chose que ton avatar même peine à envisager. Ton cœur s'accélère malgré toi, mais vous continuez à avancer, alors que la voix de Shub semble s'être à nouveau éteinte. Tournant la tête quelques secondes pour constater qu'elle te suit, tu peux voir que son regard noir semble totalement hypnotisé par la lueur jaunâtre qui semble venir de derrière la porte au fond de ce couloir. Alors que vous passez devant une volée de portes de loges anonymes, tu vois que ton alliée est totalement absorbée par le raie de lumière qui s'échappe de cette porte. Tu finis par entendre sa voix qui a retrouvé son ton fluet aux accents obscurs et inquiétants : Il arrive....

A ta grande surprise, elle commence à avancer presque en courant vers ce qui est sûrement un couloir donnant sur les coulisses de la scène. Tout à coup, un cri. Suivi de ce qui te semble être une tirade de théâtre, surjouée comme elles peuvent souvent l'être. Mais pourtant au fond de toi, tu sens quelque chose d'autre. Quelque chose de sombre. Quelque chose qui te retourne le ventre. Tu coures pour rattraper Shub, et lui saisit le poignet. Elle se retourne, et tu peux voir son regard hagard se concentrer finalement sur toi, au prix d'un gros effort. Et tu retrouves le regard glauque et énigmatique que tu lui connais depuis la première fois que vous vous êtes croisées :
- Il arrive, Sisey. Tu te rends compte ? J'avais du mal à y croire. Je pensais qu'on était juste dans un rêve. Mais non, c'est bien lui, il est là...Il faut que je le vois...Viens ! . Ne répondant ni à tes questions ni à tes sollicitations éventuelles, elle tire encore sur ta main avec une force que tu ne soupçonnais pas et s'échappe vers la porte qu'elle ouvre avec précaution. Tu vois derrière la porte l'arrière d'une scène presque rassurante dans ce monde étrange. Câbles, poulies et des échafaudages sur lesquels Shub est déjà en train de grimper en toute hâte. Tout en la suivant tu entends une voix déclamer sur cette scène baignée d'une lueur jaunâtre que tu ne distingues pas encore, et ton sang ne fait qu'un tour :
- Sur la rive les vagues nuageuses se brisent, les soleils jumeaux s'enfoncent derrière le lac, les ombres s'allongent. A Carcosa. Étrange est la nuit des étoiles noires, d'étranges lunes tournent dans le ciel, mais l'étrangeté est la plus grande. A Carcosa. Les chants que les Hyades entonneront, sont rythmés par les loques du Roi, ils mourront sans être entendus. A Carcosa. Chant de mon âme, ma voix est morte, je meurs sans t'avoir chanté, mes larmes sécheront sans être versées. A Carcosa... Un bruit de vague accompagne la nausée de soulagement et de peur qui te saisit. Tu connais bien cette voix. C'est celle de Priska. Le ton est monocorde et sans âme, mais c'est bien elle, tu en es sûre. Grimpant plus vite sur l'échafaudage sur lequel est déjà postée Shub qui ouvre de grands yeux, tu finis par poser également les tiens sur cette scène à laquelle tu ne t'attendais pas :

En contrebas tu peux voir ton amie sur le devant de la scène, s'inclinant dans une révérence qui ne lui ressemble pas. Elle porte une robe jaune sur laquelle est posée sa chevelure de jais éclatante. Derrière elle, sur le milieu de la scène, tu constates, d'abord dubitative, que quelqu'un est attaché à une table. La personne porte une cagoule noire, et un râle de douleur s'en échappe. Tu comprends vite pourquoi lorsque le reste des acteurs et actrices, le regard complètement fou, s'approchent de lui comme des vautours autour d'un cadavre. Une femme blonde entre deux âges tient un couteau, et tu peux voir au travers de la chemise du pauvre homme qu'il a déjà été entaillé plusieurs fois. La femme, ainsi qu'un homme plus âgé au bouc grisonnant et aux sourcils fous, commencent alors à abattre leurs lames sur lui.

Dans la pénombre tu constates que le public de cette salle pleine de la cour au balcon ne réagit pas. Aucun cri, aucune désapprobation. La scène est totalement surréaliste. Priska se tourne alors, te montrant un visage d'albâtre aussi figé qu'un bloc de marbre tandis qu'elle glisse comme un serpent vers la victime ligotée à la table. Ton estomac se retourne, l'horreur de la situation s'insinuant dans tes pupilles et ton esprit. La blonde tend un couteau à ta soeur spirituelle, qui le prend avec dextérité tandis que le vieil homme au bouc à côté d'elle est en train de dévorer un bout du côté de ce pauvre erre anonyme, qui est dans les faits le repas d'un rassemblement de cannibales spirituels...

Tournant la tête vers le public totalement indifférent, ton regard acéré remarque sur ceux du premier rang une étrange marque jaune et brillante, qu'ils portent indifféremment sur leurs cous, leurs mains ou leurs poignets. Et tu peux sentir s'en dégager un pouvoir dérangeant et malsain. Une quintessence Magyque à la fois ténébreuse et chaotique.

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Affolée, tu reviens rapidement sur Priska, qui aiguise sa lame sur une meule à affuter avec une expression aussi neutre que si elle était en train de se curer les ongles, avant que son autre main n'enlève violemment la capuche de la victime, dévoilant le visage de la victime et t'arrachant un autre frisson d'horreur glacée : le vieux Tobby. L'ami de Shub. Il tente de crier, mais seul un glapissement à en retourner les tripes s'échappe de cette bouche trop abîmée. Sa mâchoire est sûrement cassée, te dis-tu dans un étrange élan de froideur destiné à protéger ce qu'il reste de ta santé mentale totalement déchiquetée par l'horreur soudaine de cette mascarade de banquet. Pauvre Tobby. Pauvre Shub.

Shub ! Tu tournes vivement le regard vers elle, pour découvrir un visage tordu des stigmates de la rage et de l'horreur. Mais elle n'a pas bougé, et tu sens que malgré tout quelque chose semble l'immobiliser totalement. Comme un papillon attiré par une lumière noire, elle ne semble pas pouvoir décoller son regard du fond obscur de la salle, l'entrée du Théâtre. Suivant son regard, tu commences à le percevoir, juste avant qu'il n'entre. Une aura. Un mal indicible.



Une silhouette jaune, encapuchonnée, d'où semble ne sortir qu'un grand vide, comme si seul un trou noir semblait habiter cette toge. Son arrivée transforme alors cette scène déjà surréaliste en véritable cauchemar surnaturel. Le temps a comme l'air de ralentir, les plis de sa toge ne semblant pas vouloir respecter le lois de la gravité, voletant lentement tandis qu'il glisse lentement sur le couloir central jusqu'à la scène de cannibalisme outrancière qui se déroule devant les yeux totalement hypnotisés des spectateurs et spectatrices qui sembleraient presque apprécier le spectacle. Mais tu commences à comprendre que le pouvoir de cette marque qu'ils portent est relié à cet être. En effet lorsqu'il a traversé le public médusé tu as pu remarquer que la lueur des marques qu'ils portent tous s'est brièvement intensifiée à son passage. Et, alors qu'il finit par atteindre la scène tu réalises que ton esprit n'est lui aussi qu'un papillon capturé dans la toile de cette longue robe jaune.

Tu sens que ton cerveau, embrumé par toute l'horreur qu'il ne peut accepter n'est plus que le prisonnier de cette chose, qui qu'elle soit. Tu voudrais te rebeller, mais tu es incapable de bouger. Le vide qui remplace le visage de la silhouette en jaune se pose sur Shub, puis alors qu'il se pose ensuite sur toi tu sens son contact spirituel glacé sur ta nuque, comme s'il pouvait te toucher. Et quelque chose dans ton ventre qui s'agite, comme si....

C'est à ce moment là que tu aperçois derrière lui la traînée dorée de vie qui commence à s'échapper lentement du public, comme des grains de sables s'envolant jusqu'à lui. Lui. Le Roi en Jaune. Lui. Qui semble t'observer sans yeux alors qu'il dévore les âmes de ces spectateurs et spectatrices. Priska qui plante un couteau sans joie dans le ventre de l'ami de Shub. Shub dont le visage se déforme sous l'effet de la peur et de la folie qui la saisit, mais qui semble irrémédiablement fascinée par la silhouette encapuchonnée. Et toi, qui, paralysée, sans savoir s'il s'agit de la peur, de la colère ou de la folie ambiante a déjà bien du mal à penser de façon cohérente.

Le trou vide de la capuche du Roi en jaune donne l'impression de s'approcher de toi sans avoir bougé, et tu sens que son âme malsaine essaie de t'attirer vers lui. Quelque chose au fond de toi (ton avatar ?) semble vouloir lui répondre. Mais tout en toi te crie de l'éviter. De fuir. Le plus loin possible.

Tu sens qu'elle arrive. Et qu'elle te veut. Corps et âmes. Mais une peur encore plus grande que toute l'horrible réalité de cet endroit t'étreint comme un tentacule. Quelque part au fond de toi, tu as envie de la rejoindre. Comme l'appel d'un amant longtemps quitté. Comme le souvenir retrouvé de l'amour perdu d'un être aimé. Une grande tristesse et une grande joie. Mais dans l'autre recoin de ton âme, une voix te crie à nouveau de fuir, et ce paradoxe mental est en train de te rendre totalement folle.
Masika
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Ven 1 Déc - 2:13
Alors que nous traversons les coulisses de ce théâtre aussi labyrinthique que l’esprit de son concepteur, nos pas s’enfoncent dans une moquette verdâtre désagréable. Une odeur âcre d’encens flotte dans l’air, qui masque difficilement un parfum mortifère de pourriture. Pourtant, ma profonde sensation  de malaise vient d’une forme oppression terrible sur ma propre conscience. Le silence de Shub à mes côtés et son regard hypnotisé vers la lueur jaune malsaine qui s’échappe de la porte qui clôture ce couloir tortueux qui semble sans fin, me fait réaliser la source de ce malaise.

La déclaration de ma compagne sur l’arrivée du maître des lieux me fait frissonner. Je l’ai senti moi aussi. J’essaie de freiner Shub dans sa course vers la porte, aussi prudente que craintive du spectacle que nous réserve notre hôte. Pourtant, rien ne peut raisonner la petite changeling qui, comme un papillon de nuit affolé, s’élance vers la lumière qui me fait à moi l’effet d'un halo qui précède les flammes de l’enfer. Je la suis pourtant dans le dédale de l’arrière-scène, mais me prostre subitement. Cette voix. Celle de mon amie de toujours. Celle dont le rire a partagé toute mon existence depuis que nous nous sommes rencontrés, dans les bons comme dans les mauvais moments. Pourtant la vie qui habitait cette voix familière a déserté. Je ne parviens pas à me concentrer sur les mots, incapable de me défaire de la désincarnation de la voix de Priska.

Mécaniquement, je grimpe les échaffaudages à la suite de Shub, et m’enfonce encore un peu plus dans ce songe destructeur lorsque je peux voir la scène en contrebas. Un besoin impérieux de crier mon effroi remonte depuis mon ventre mais reste coïncé dans ma gorge, figé par l’horreur de ce qui se joue sur la scène de ce théâtre morbide. Au prix d’un effort énorme sur mon cerveau reptilien, je parviens néanmoins à embrasser du regard l’ensemble du théâtre et finit par remarquer ce qui permet à la dramaturgie de ce lieu de se jouer dans cette atmosphère moribonde. Le glyphe commun à toutes les âmes torturées de ce lieu.

Puis, tout se bouscule, la lugubre mise à mort du vieux Tobby par ma sœur d’esprit et ses zélotes fanatisés, et l’entrée du seigneur de ce monde pathétique. Son architecte dément et son âme corrompue.

Capturée par l’essence malsaine du Roi en jaune, j’observe le déroulé des évènements comme une spectatrice privée de son libre arbitre. La vie qui s’échappe des spectateurs pour nourrir la folie abyssale de leur hôte. La capuche qui emprisonne dans les ténèbres de sa folie le visage, s’il en a un, du Roi en jaune se tourne ensuite dans ma direction. Je comprends alors que tous les éléments de sa tragédie sont en place pour le dernier Acte. Hypnotisée, je sens mon Avatar tendre irrésistiblement vers l’appât. Prise entre l’envie irrépréssible de prendre ma place à ses côtés et devenir son amante immortelle et cruelle, et ma conscience qui lutte pour ma survie, je sens mon esprit vacillé aux frontières de la folie. Aux abords du royaume du Roi en jaune.

Théâtre. Tout ceci n’est que le théâtre de la folie du Maraudeur.

Un murmure faible qui s’échappe de mes lèvres : Je t’ai déjà vaincu.

Mon regard se détourne enfin de la silhouette drapée de sa cape jaune, pour regarder Shub. Sur son poignet, la marque commence à se dessiner. Le canal Magyque de la quintessence du Roi en jaune. Instinctivement, ma main emprisonne le glyphe sur le bras de Shub.


Mon esprit vacille sous la puissance chaotique et aberrante du pouvoir véhiculé par la marque du Roi en jaune. Un tunnel obscur, où tout est vain. Dépouillés de tout, les âmes torturées avancent à pas lent vers la lueur jaune au bout de ce tunnel vicié où l’abandon est la seule issue possible. Prisonniers d’un cauchemar sans fin, les âmes n’ont qu’un échappatoire, la lumière jaune. Alors chacun avance en restant immobile vers la libération promise : la chaleur et le bien-être de la folie, là où plus rien n’a de sens car plus rien n’existe.

Je dois à nouveau puiser dans mes ressources internes pour ma rappeler qui je suis. Pourquoi je suis ici.




Woodstock, Août 1969

Plus de 200 000 personnes se sont pressées pour assister à l’évènement hippie de la décennie. Partout les gens écoutent de la musique, s’échappent dans les vapeurs de différentes drogues, font l’amour avec des gens qu’ils ne connaissent pas, et s’endorment dans un sentiment de bonheur partagé.

Après avoir picolé avec Santana, Priska et moi courrons main dans la main pour rejoindre la tente qui sert de loge à Richie Havens. Juste avant qu’on ne rentre dedans, Priska nous arrête et se tourne pour me regarder dans les yeux.

- Qu’est-ce que t’as, tu veux me rouler une pelle ou quoi? lui dis-je en rigolant devant son air défoncé.

Elle rit aussi, et me répond en se marrant :

- Je t’ai déjà roulé des pelles Bones, et ton haleine est pas mon meilleur souvenir.

On pouffe comme deux connes sous amphètes, mais elle reprend alors avec sérieux:

- Ok, frangine, je suis complètement stone, mais écoutes bien ce que je vais te dire. Tu es quelqu’un de spécial. Ouais, on est des mages, on a des pouvoirs et tout... Mais moi je sais que toi tu es plus que ça. Tu portes la lumière en toi. Je déconne pas, Sys’. Je l’ai vu, un jour tu nous montreras le chemin.

Je reste un peu planté là, à osciller entre l’envie de rire et le sérieux de ma sœur de coeur. Je finis par lancer un « c’est pas stone que t’es ma chérie, c’est complètement raide » et l’entraîne à ma suite dans la tente du chanteur. Elle se laisse faire, mais ajoute dans un souffle : « je déconne pas, tu portes la lumière ».




Perdue au milieu des pauvres hères qui s’avancent vers le pouvoir du Roi en jaune, je finis par stopper mes pas.

- Je porte la lumière, me dis-je comme en écho de ce lointain souvenir et en reprenant conscience de moi-même.

Je vois alors le tunnel pour ce qu’il est : une catharsis de Quintessence dans laquelle sont enfermés les âmes de tout ceux qui arpentent la démence du Maraudeur. La folie nihiliste du Roi en jaune.

Je tends alors mes mains vers la cristallisation intangible de la Quintessence. Une odeur de cannelle et de chocolat se répand lentement, tandis que ma propre Quintessence se mêle à celle du Maraudeur.

Peu à peu, le tunnel se déforme pour prendre des tons anis et blanc. La pierre noire, nue  et froide se revêt d’une tapisserie aux motifs de lys. Un canapé en tissu fleuri apparaît et malgré sa petite taille, de nombreuses âmes cessent d’avancer pour s’y installer, réconfortées par sa présence et son moëlleux. Autour de la table en bois couvert par des napperons ouvragés, certaines âmes perdues viennent manger des muffins dont le coeur porte la mention « Eat me » en tracés délicats de chocolat. Un vieux gramophone joue « Freedom » de Richie Havens.

Lentement le désespoir cède à une forme deréconfort et de bien-être pour mes invités.

Pourtant, la télévision jusqu’alors éteinte s’allume seule et un œil gris y apparaît. les murs du salon commencent comme à fondre. Par la fenêtre, une biche à l’étrange couleur bleue apparaît. La musique commence à se tordre en une plainte dissonante. Mes invités s’agitent de nouveau, mal à l’aise et inquiets.

Calmement, je me lève de ma chaise en bois ancien pour me dresser face l’oeil gris qui grossit comme pour s’extraire de l’écran. Mes deux bras se tendent devant moi en direction de l’intrusion.

- Tu n’es plus le bienvenu ici, dis-je d’une voix chaude et bienvaillante. Je libère ces âmes de ton emprise et te chasse de leurs esprits. Retournes pourrir dans les méandres de ton esprit dément. Nous sommes désormais affranchis de tes cauchemars.

Un flux de quintessence pur aux variations de verts vifs et chatoyants s’échappent alors de mes mains en un torrent de vie incontrôlable tandis que mon rire rebondit en tout. Il percute l’Oeil en une explosion Magyque qui le dépixelise avant de le faire disparaître. Autour de moi les ombres des âmes sous le contrôle du Maraudeur prennent une teinte du même vert que celui que je viens de délivrer. Dehors la biche adopte à présent une couleur d’un marron mordoré. Les murs de la maison de ma grand-mère se stabilisent et  les sourires apparaîssent sur les lèvres des anciens spectateurs et acteurs macabres de la tragédie du Roi en jaune. Ils ont repris l’apparence d’hommes et de femmes qui portent la joie en eux.

Je me retourne alors. Priska se tient face à moi, avec ce sourire que je connais depuis si longtemps.

- Tu as vu, me dit-elle, tu es la lumière.
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Ven 1 Déc - 10:00
Au travers des rais vert clair de ta propre lumière, les esprits prisonniers s'estompent comme des fantômes, et après cette dernière phrase la silhouette de Priska disparaît elle aussi, te laissant seule dans ton Palais mental, dans la maison de celle qui avait élevé ton âme et ton coeur bien plus que tes parents n'avaient jamais réussi à le faire. Mamie Day. Ton esprit maintenant apaisé de ce monde de cauchemar n'a plus qu'un désir, celui de s'éveiller. Mais alors que tu t'apprêtes à rouvrir les yeux pour sortir de cette poche que tu as inexplicablement créée au croisement de ton avatar et de l'univers cauchemardesque du Maraudeur, un murmure s'élève dans un coin sombre du salon de ton enfance.
- Libères moi...DONNES LA MOIIII...
La voix est sombre, aussi crépusculaire qu'une éclipse en plein midi. C'est alors qu'un tentacule jaune sort de l'ombre et se jette sur toi comme s'il avait une vie propre. Prise par surprise, la masse gluante de ventouses s'accroche à ton visage, aussi glaciales que la mort elle-même. Un froid spatial t'envahit, et tu sens ton esprit, ton âme même, se fissurer, révélant quelque chose en toi, dans ton Avatar. Dans ce tourbillon de feu et de possibles. La lumière. Étincelante, vivante et chatoyante. Magnifique, extatique et Chaotique. Son chant est celui d'un Ange, celui d'un être Céleste composant une mélodie trop puissante pour être entendue des humains. Pour être entendue par ton esprit, qui doucement glisse vers la Folie en l'écoutant. Et tu prends alors conscience que cette énergie que tu as senti en toi depuis quelques temps, cette énergie qui t'avait permis de surmonter les épreuves de cette journée, qui avait détruit les illusions de Célia, qui t'avait aidé à ne pas être affecté par ce monde de cauchemar, cette énergie qui te dépasse...N'est pas toi. Dans une révélation qui te donne le tournis, tu ressens la présence de ce corps étranger dans ton âme. Cette lumière...C'est quelqu'un. Tapis au fond de toi. Un être. Une puissance. Au milieu de ton Avatar tourbillonnant, tu la sens. Une silhouette. Une essence. Féminine. Une odeur de terre retournée, d'herbe fraîchement coupée et de milles parfums de fleurs odorantes. Tu peux la sentir distinctement maintenant. Et le Roi en Jaune et sa tentacule spirituelle s'insinue en toi, à sa recherche. Tu sens les ventouses vouloir la happer, aspirer jusqu'à la dernière goutte de cette Quintessence extraordinaire. Le tourbillon de ton avatar la protège d'abord, avant qu'une partie de cette essence ne s'échappe, aspirée par le tentacule monstrueux qui emplit ton âme d'une sensation de douleur et de malaise, avant de t'arracher un cri. Le tentacule fouraille dans tes entrailles :
- Donnes...La....Moi...
Mais ton âme résiste, et le chant de l'Essence que tu abrites devient un cri. Des images rapides défilent. Une rivière. L'Océan. La Terre. La terre des ancêtres. Deux visages, presque identiques. Des visages presque irréels de beauté. Deux jeunes filles aux traits natifs de cette terre d'Amérique. L'une a les traits doux d'une fleur épanouie au teint doré et à la chevelure verte d'un printemps éternel. L'autre a les traits profonds reflétant la sagesse des Océans dans son teint diaphane entouré d'une chevelure d'un bleu sombre. Elles rient. Elles dansent dans les clairières d'un monde dont l'Homme est absent, dans une ritournelle qui semble vouloir durer toujours. Mais rien n'est éternel. Les humains. Le Pouvoir. Des imagess de guerre. Des images de sang et de choses à posséder. Des images de rage, de jalousie et de meurtre. La jeune fille aux cheveux verts regarde le teint pâle de sa jumelle devenir bien plus pâle tandis que celle-ci observe ces humains. Elle pleure en voyant les yeux de sa sœur s'assombrir pour devenir totalement noirs en hurlant sa propre rage à la face du Soleil. Puis un tourbillon d'images t'envahit, trop rapide pour être suivi, trop violent pour être supporté. Ton esprit cherche une issue, alors que ta conscience émerge à nouveau, et dans un éclair de lucidité tu peux voir qu'une partie de l'essence verte cachée dans ton avatar est absorbée par le tentacule de celui que tu pensais être juste le fantasme d'un Maraudeur fou. Mais il est plus que ça. Elle est bien plus que ça.
- Merci de m'avoir libérée..., te souffle la voix lugubre qui a maintenant pris des accents féminins. Un frisson te parcoure toute la colonne. Comme si quelqu'un venait de faire glisser un ongle glacé sur ton âme.
- Je te retrouverai bientôt...Ma très chère soeur..., finit-elle sur un ton de menace subtile.

Tu ouvres les yeux.
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